La France politiquement incorrect(e)?

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Publié 30/01/2007 par Georgette Sable

2007, année d’élections non seulement en Ontario, mais probablement aussi au fédéral. La France, elle, choisira son président de la République. Voilà qui est désormais politiquement incorrect au Canada que d’écrire président sans y ajouter sa contrepartie féminine: présidente.

Ce politiquement correct doit être envisagé au sens propre et non plus figuré pour le Grand Hexagone dont le leadership en matière de francophonie ne peut être ignoré. Résidents et citoyens français de l’Ontario comme francophones de tout poil ne peuvent donc rester insensibles à ce qui se déroule en Europe.

Nous savons que, traditionnellement, les Français de l’étranger votent d’une façon plutôt conservatrice – de droite comme de gauche – avec en sus une tendance fort canadienne à la prime au gagnant… des sondages. Alors qui voient-ils, qu’y voit-on pour la France: Président ou Présidente? La question reste de savoir si la France est prête à se laisser diriger par une femme, à mettre en accord les faits avec ses principes.

En 1981, François Mitterrand est élu. Avec le recul, il faut bien considérer que la France n’avait pas d’autre alternative que de faire face à son histoire, d’être capable de l’alternance et donc qu’enfin, en politique, elle mettait en accord ses gestes avec son discours cartésien. Mitterrand devait être élu sinon le sens de la politique et de l’histoire en eut été changé. Porté par le souffle des baby boomers, France et Français avaient enfin vaincu le démon de l’alternance et son ultime réticence: Gauche, otage du parti communiste! On en rigole encore!

Aujourd’hui, avec Ségolène Royal, la France joue encore au «oui, mais…» où c’est François Hollande, son compagnon et chef du Parti socialiste, qui tient le rôle du… parti communiste en 1980-1981. La candidate au poste suprême n’entend pas rire là-dessus et vient juste de gourmander son porte-parole sur ce sujet. Royal, comme Mitterrand (dont elle fut ministre), a non seulement les capacités mais encore le pouvoir de devenir présidente. Royal, comme Mitterrand en 1981, n’a pas, car plus, les moyens d’être satellisée cheffe de l’opposition.

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Son échec, comme l’aurait été celui de Mitterrand en 1981, porterait un rude coup contre l’alternance qui désormais se pose enfin et en plus en terme de sexes, non seulement pour sa place en Europe (où de grands leaders féminins ont déjà dirigé ou dirigent encore) mais encore vis-à-vis de son sens de l’histoire dont on sait ses citoyens comme ses politiciens faire grand cas.

Refuser la présidence française à Ségolène Royal, au travers des urnes et de quelque argument non politiquement très opposé et fondé, serait rendre la France politiquement incorrecte, au sens propre parce qu’aussi figuré. Si la France veut avoir les moyens de ses ambitions, de la place qu’elle réclame et demeurer un phare, alors elle n’a plus le choix que de se montrer l’exemple et d’entrer de plain-pied dans ce troisième millénaire en plaçant une femme à sa tête, de telle manière qu’elle ne le fit jamais auparavant dans son histoire.

Ségolène Royal serait un homme, on lui reprocherait de n’être pas (aussi!) une femme. Comme président, Ségolène Royal présenterait toutes les qualités de ce genre d’homme, dont celui d’être une… femme. Tant pis pour les grincheux et mal comprenants qui penseraient que voter pour cette femme serait faire du sexisme le primat de toute autre politique.

L’Histoire (avec un «H») ne pouvait ni ne devait se priver en 1981 d’un sens certain de l’Histoire de la France en exigeant l’alternance. Il est donc plus que souhaitable, nécessaire, que la France s’impose à nouveau ce sens de l’Histoire en exemple universaliste et qu’elle choisisse en 2007 à la fois une femme et une fois nouvelle l’alternance. Il serait souhaitable qu’en ce sens elle reçoive le soutien d’autres femmes qui ne sont pas de son parti, pour que la France soit politiquement correcte, non au sens anglo-puritain du terme mais bien au sens français comme Français.

Je ne connais nullement la position de Ségolène Royal sur la francophonie, et encore moins la francophonie canadienne, mais je suis convaincue qu’une féminité présidentielle francophone, où qu’elle soit, aurait un impact certain et enviable sur toute la francophonie. Alors pourquoi pas la France et pourquoi pas maintenant? Une femme peut bien dire le mot de Cambronne à une autre francophone, surtout si elle est Française, pour lui souhaiter «bonne -chance».

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C’est tout le mal que je souhaite pour ce bien à Ségolène Royal et c’est avec attention que je vais suivre ce débat outre-Atlantique et rêver, peut-être, qui sait, à une contrepartie nord- américaine? 2007, Madame la Présidente? C’est du français très correct et très acceptable? Je souhaite que ça soit aussi de la Française très correcte et très acceptable!

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