2007, année d’élections non seulement en Ontario, mais probablement aussi au fédéral. La France, elle, choisira son président de la République. Voilà qui est désormais politiquement incorrect au Canada que d’écrire président sans y ajouter sa contrepartie féminine: présidente.
Ce politiquement correct doit être envisagé au sens propre et non plus figuré pour le Grand Hexagone dont le leadership en matière de francophonie ne peut être ignoré. Résidents et citoyens français de l’Ontario comme francophones de tout poil ne peuvent donc rester insensibles à ce qui se déroule en Europe.
Nous savons que, traditionnellement, les Français de l’étranger votent d’une façon plutôt conservatrice – de droite comme de gauche – avec en sus une tendance fort canadienne à la prime au gagnant… des sondages. Alors qui voient-ils, qu’y voit-on pour la France: Président ou Présidente? La question reste de savoir si la France est prête à se laisser diriger par une femme, à mettre en accord les faits avec ses principes.
En 1981, François Mitterrand est élu. Avec le recul, il faut bien considérer que la France n’avait pas d’autre alternative que de faire face à son histoire, d’être capable de l’alternance et donc qu’enfin, en politique, elle mettait en accord ses gestes avec son discours cartésien. Mitterrand devait être élu sinon le sens de la politique et de l’histoire en eut été changé. Porté par le souffle des baby boomers, France et Français avaient enfin vaincu le démon de l’alternance et son ultime réticence: Gauche, otage du parti communiste! On en rigole encore!
Aujourd’hui, avec Ségolène Royal, la France joue encore au «oui, mais…» où c’est François Hollande, son compagnon et chef du Parti socialiste, qui tient le rôle du… parti communiste en 1980-1981. La candidate au poste suprême n’entend pas rire là-dessus et vient juste de gourmander son porte-parole sur ce sujet. Royal, comme Mitterrand (dont elle fut ministre), a non seulement les capacités mais encore le pouvoir de devenir présidente. Royal, comme Mitterrand en 1981, n’a pas, car plus, les moyens d’être satellisée cheffe de l’opposition.