La France ouvre un bureau d’investissement à Toronto

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 04/04/2006 par Magdaline Boutros

Le ministre de l’Industrie de la France, François Loos, était de passage à Toronto la semaine dernière pour annoncer l’ouverture dans la métropole canadienne d’un bureau de l’Agence française pour les investissements internationaux. Mais c’est plutôt la situation politique explosive dans l’Hexagone qui a retenu l’attention des gens d’affaires réunis à l’Economic Club de Toronto.

«Comment expliquez-vous la situation actuelle?» «Est-ce un bon moment pour investir en France?» Les inquiétudes étaient palpables.

«On a cet esprit critique typiquement français qui fait partie de notre vie politique normale», a expliqué François Loos après avoir passé en détail l’historique des événements ayant mené aux manifestations monstres des dernières semaines. «Mais je comprends que cela est difficile à comprendre pour vous […] Je ne crois pas que les choses se passent de la même façon ici à Toronto», a-t-il ajouté suscitant rires et murmures dans le parterre de gens d’affaires.

Depuis plusieurs mois, jeunes, puis syndicats et maintenant citoyens tous azimuts se mobilisent en France pour s’opposer au contrat de première embauche, communément appelé CPE. Sous ce nouveau régime, qui concerne spécifiquement les jeunes de moins de 26 ans, les employeurs peuvent renvoyer un salarié à tout moment durant les deux premières années d’embauche. L’insatisfaction grandissante de la population face à la précarité ainsi créée pour les jeunes et la ligne dure adoptée par le gouvernement ont mené à de gigantesques manifestations en début de semaine dernière.

Cette nouvelle politique est la réponse du gouvernement aux émeutes dans les banlieues françaises et au taux de chômage oscillant autour de 25% chez les jeunes de moins de 25 ans, a expliqué François Loos. En septembre dernier, cette nouvelle mesure avait été adoptée pour les entreprises de moins de 20 employés et elle s’est avérée être un grand succès, selon les dires du ministre.

Publicité

Environ 40 000 personnes ont été embauchées sous ce nouveau contrat et un sondage administré auprès des employeurs aurait révélé que le tiers de ces embauches n’auraient pas été réalisées sans ce nouveau régime. Le premier ministre Dominique de Villepin a par la suite étendu la portée de ce contrat à toutes les entreprises et plus spécifiquement aux jeunes de moins de 26 ans.

Le ministre Loos s’est fait rassurant. «Ce que vous voyez à la télévision, ce sont de vraies images, mais on ne peut pas résumer la France à cela.» «Les compagnies canadiennes sont très satisfaites d’être en France», a-t-il ajouté, citant au passage la présence des sociétés canadiennes Bombardier, Alcan et Nortel.

François Loos a profité de son passage à Toronto pour annoncer l’ouverture d’un bureau de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) ou, en anglais, l’Agence Invest in France. Une nouvelle qui tombait à un bien drôle de moment, alors que l’inquiétude du milieu des affaires était manifeste. «L’objectif est d’aider les compagnies canadiennes à définir des projets et les encourager à aller s’installer en France», a expliqué le ministre. Les entreprises françaises investissent 28 milliards $ au Canada, alors que les compagnies canadiennes investissent 10 milliards $ en sol français. «C’est pour ça qu’on ouvre ce bureau, pour promouvoir davantage les investissements en France.»

Stéphane Lecoq sera responsable du bureau et entrera officiellement en poste au mois de juin. Le bureau de l’AFII de New York gérait jusqu’à présent les activités en territoire canadien. «Mais le flux de plus en plus important d’investissements canadiens en France justifiait l’ouverture de bureaux au Canada», soutient Stéphane Lecoq en entrevue. Trois antennes seront ouvertes: à Toronto, Montréal et Vancouver. Elles auront pignon sur rue aux côtés des missions économiques françaises installées dans ces trois villes.

La France est au 3e rang des investisseurs au Canada, après les États-Unis et la Grande-Bretagne (elle était 2e jusqu’en 2003). Parmi les entreprises employant le plus de Canadiens, on retrouve Sodexho qui embauche 12 000 employés au Canada, Hachette avec 3 000 employés, Michelin, 3 000. En sens inverse, Bombardier, Cascades, Nortel, Quebecor font bonne figure en France. En 2004, le Canada a créé 1600 emplois en France, se classant ainsi pour la première fois au palmarès des cinq principaux investisseurs en France.

Publicité

«Au-delà de la conjoncture actuelle, il faut regarder les tendances lourdes qui font que la France est la deuxième terre d’accueil des investissements étrangers en Europe, plaide Stéphane Lecoq, faisant écho aux inquiétudes du milieu des affaires. Et notre ambition d’ici deux ou trois ans est de devenir la première terre d’investissements en Europe.»

De nouvelles mesures gouvernementales permettront d’y arriver, dont le CPE. «Ce contrat apporte une flexibilité dans le domaine du travail. Il peut s’avérer déterminant par exemple pour des entreprises canadiennes qui veulent ouvrir des bureaux en France, ce qui leur évite trop de contraintes au niveau des contrats de travail. Au moment du lancement d’une société, c’est crucial d’avoir ce type de contrat», soutient-il.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur