La France et le Canada, plus proches qu’on ne le pense

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Publié 01/03/2006 par Magdaline Boutros

La France et le Canada sont peut-être séparés par un océan, mais ils entretiennent une relation privilégiée, tant sur le plan politique que commercial, a soutenu la semaine dernière Daniel Jouanneau, ambassadeur de France au Canada, au Club canadien de Toronto.

La communauté de valeurs que les deux pays partagent et l’importance des investissements réalisés de part et d’autre de l’Atlantique lient la France et le Canada au-delà de leur relation historique. Délogeant certaines idées reçues, M. Jouanneau a fait valoir l’importance des rapports commerciaux entre les deux pays. La France est le 3e investisseur étranger au Canada et le 2e en Ontario (derrière les États-Unis et devant la Grande-Bretagne), a-t-il soutenu.

Les investissements français en sol canadien sont aussi importants au Québec qu’en On-tario; les deux provinces récoltant chacune 45% des investissements français. Parallèlement à ses liens historiques avec le Québec, la France souhaite développer davantage sa présence en Ontario. «Nous avons la volonté politique forte de développer nos liens avec l’Ontario», a affirmé l’ambassadeur français.

Plus de 200 sociétés françaises sont établies en Ontario, embauchant quelque 30 000 employés. Toronto sert ainsi de porte d’entrée pour l’ensemble du marché canadien, voire même américain. À l’inverse, ce sont 50 sociétés ontariennes qui ont fait le choix de s’établir en France, notamment pour pénétrer le marché européen. Accord, Alcatel, Lafarge se sont établis en Ontario alors que Nortel, Magna, McCain ont gagné leur pari en sol français.

La relation franco-canadienne ne se limite toutefois pas à des liens commerciaux, mais prolonge son influence au niveau politique. Les deux pays partagent une vision du monde commune, a fait valoir Daniel Jouanneau. Tant la France que le Canada se font l’apôtre du multilatéralisme sur la scène internationale et adoptent souvent une position similaire sur les grands dossiers internationaux. «Nous réglons nos problèmes dans le cadre multilatéral, a-t-il affirmé. Que ce soit à l’OMC pour les questions commerciales, ou à l’ONU.»

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«Mais nous ne partageons pas uniquement des valeurs, nous posons aussi des actions», souligne-t-il, citant au passage les missions menées conjointement sous la bannière des Nations Unies en Afghanistan, dans les Balkans, au Darfour et en Haïti.

La bataille menée dans les dernières semaines à l’UNESCO pour protéger la diversité culturelle est également éloquente. Les deux pays, instigateurs de cette action pour exclure la culture des traités sur les biens commerciaux, ont fait front commun pour mener les pays-membres à l’adoption de la Convention sur la diversité culturelle et pour freiner l’offensive américaine qui visait à limiter au maximum la portée de la Convention.

Poussant plus loin sa réflexion, M. Jouanneau dresse un parallèle entre les visions sociétales qu’ont la France et le Canada. La solidarité sociale, la justice, la protection de l’environnement, le droit des femmes sont autant de valeurs partagées. «Nous avons le réflexe de venir vous voir dès que nos dirigeants sont en présence d’un sujet politique difficile», affirme Daniel Jouanneau. Les voisins européens de la France, dont principalement l’Allemagne, les pays scandinaves, le Royaume-Uni et l’Espagne, sont dans un premier temps consultés pour examiner toute législation similaire qui pourrait éclairer les politiciens français. Puis, vient le tour du Canada, «parce que vous faites partie de notre premier cercle».

Les dirigeants français ont notamment échangé dernièrement avec le Canada sur la question de la loi permettant le mariage entre les conjoints de même sexe, le gouvernement en ligne, les rapports citoyens/administration, le système de santé, le vieillissement et ses impacts sur le système social.

Enfin, Daniel Jouanneau a souligné l’imbrication de la relation canado-française dans le spectre plus large de la relation transatlantique entre l’Europe et l’Amérique du Nord. La France offre aux partenaires canadiens une entrée privilégiée vers le marché européen. À l’heure où tous cherchent à pénétrer le marché chinois, Daniel Jouanneau a tenu à spécifier que «l’Europe est le plus grand marché du monde avec ses 460 millions de gens qui ont du pouvoir d’achat et qui peuvent être des partenaires commerciaux».

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Le marché européen est encore plus ouvert que le marché intérieur canadien, où plusieurs barrières commerciales subsistent entre les provinces, a-t-il ajouté. L’économie européenne est prévisible et solide. «L’Europe va sortir de ses difficultés et va rebondir», a-t-il souligné. «Intéressez-vous davantage à l’Europe. Dites-vous que pour chaque dollar investi, vous en récolterez les fruits dans les prochaines années.»

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