La discrimination en milieu de travail: une question d’accommodement

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Publié 15/02/2011 par Gérard Lévesque

Conférencier invité au déjeuner-causerie du Comité des langues officielles de l’Association du Barreau de l’Ontario, lequel s’est déroulé à Toronto le 4 février dernier, Maître Michel Bastarache a livré aux participants ses réflexions sur l’évolution du régime juridique en matière de discrimination dans le milieu du travail.

«On est clairement passé de la situation où l’employeur ne peut tenir compte de facteurs illégitimes et arbitraires dans le milieu de l’emploi, à une situation où il doit plutôt montrer qu’il ne peut accommoder le plaignant sans subir un tort indu. La question qui se pose est de savoir s’il est approprié d’utiliser l’accommodement comme facteur pour décider s’il y a effectivement discrimination, et si oui, comment on tiendra compte de l’impact de cet accommodement sur les besoins de l’entreprise et plus particulièrement les conditions de travail des autres employés.»

Auparavant, l’analyse de la discrimination portait essentiellement sur le critère raisonnablement nécessaire. Cette justification a été éliminée pour être remplacée par l’accommodement individuel.

Le conférencier se demande si la substitution est justifiée dans le contexte du milieu de travail.

C’est la décision de 1999 dans le dossier de la pompière forestière Tawney Meiorin qui a tout changé. La Cour suprême du Canada a alors fixé un test en trois parties: l’employeur doit montrer que la norme est reliée à l’exécution de la tâche de façon rationnelle; que la norme est adoptée de bonne foi comme nécessaire; et que la norme est adoptée parce qu’on ne peut accommoder les personnes qui ont les mêmes caractéristiques que la plaignante.

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Le conférencier a aussi traité du problème de l’adjudication. Dans la plupart des provinces, le Tribunal du travail a juridiction pour traiter ces affaires, mais aussi le Tribunal des droits de la personne.

Le fait de faire intervenir l’accommodement dans tous les cas oblige le tribunal saisi de l’affaire à analyser son impact sur le milieu de travail, surtout quand il y a une convention collective.

Mais, cette attention au contexte n’est pas compatible avec l’approche des tribunaux de la personne.

Notant que nous sommes le seul pays où l’accommodement a été introduit par les tribunaux plutôt que par le législateur, Maître Bastarache suggère qu’il faudrait une intervention législative précédée de consultations auprès de tous les intéressés.

Ceci éviterait de tout laisser à l’appréciation des tribunaux quand c’est une question de politique sociale quant au fond et d’ordonnancement du régime procédural pour ce qui concerne le forum et les coûts.

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«L’absence de commissions de réforme du droit efficaces a créé une situation troublante à mon avis. Je crois qu’il faut plus de rigueur dans notre approche pour régler les problèmes récurrents du droit social et ne pas demander aux tribunaux ce pour quoi ils n’ont pas été conçus.»

Pour plus de renseignements:
Notes du conférencier:
http://documentationcapitale.ca/index.cfm?Repertoire_No=-751102913&voir=centre_detail&Id=4481

Décision de la Cour suprême du Canada dans l’affaire Meiorin:
www.canlii.org/fr/ca/csc/doc/1999/1999canlii652/1999canlii652.html

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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