La dictée en version correcte

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Publié 13/05/2014 par Martin Francoeur

C’est l’heure de la correction! Dans ma précédente chronique, je vous faisais part d’une petite dictée que j’ai concoctée et que, volontairement, j’ai truffée de vingt fautes. Je vous demandais de les trouver. J’espère que vous avez bien fait l’exercice.

Je reproduis d’abord le texte en version corrigée, avec en gras les graphies correctes des mots ou expressions que j’avais transformées en erreurs dans la version publiée précédemment. Par la suite, je donnerai quelques explications sur ces erreurs.

* * *

À RENDRE FOU

Il y a toutes sortes de fous. Il y a, en fait, autant de fous qu’il y a de passions. On naît fou ou on le devient en grandissant.

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Quel que soit l’objet de cette folie, on s’y abandonne, on s’y investit, on s’en enivre. Il y a les fous du sport, les omniscients du hockey ou du foot, ceux qui connaissent le bobsleigh, ceux qui sont fébriles devant des compétitions d’haltérophilie ou de nage synchronisée. Imaginez : il y en a même, rarissimes certes, qui pratiquent le skeleton ou qui prennent part à des gymkhanas!

Il y a les fous de bandes dessinées. Pour eux, les Schtroumpfs n’ont aucun secret. Ils peuvent réciter par cœur le contenu des phylactères de quelque album que ce soit.

En vieillissant, on peut développer la folie des automobiles. Parfois on aperçoit ces happy few en train de bichonner leurs breaks ou leurs berlines, rêvant secrètement à cette Ferrari à quatre cent trente-neuf mille dollars.

Les fous des objets incluent aussi les collectionneurs de tout acabit : philatélistes, numismates, vexillologistes ou collectionneurs de grands crus.

N’oublions pas les fous du voyage, ces infatigables globe-trotters qui parcourent le monde et qui visitent des hauts lieux touristiques où s’agglutinent les touristes, mais aussi des endroits plus exotiques comme le Qatar, les Açores ou le Myanmar.

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On pourrait parler des fous de la botanique, mais ce serait mesquin dans une dictée de décrire leur passion pour les dahlias, dont les pétales allongés ont parfois des teintes écarlates ou des reflets cerise.

Enfin, il y a nous. Fous de la langue française qui aimons la lecture et les livres. Et parmi ces fous sympathiques, il y a les gagas qui subissent les affres de la dictée en y prenant un malin plaisir.

* * *

Voilà. Ce n’était pas trop sorcier. Il suffisait de porter attention. Voyons maintenant quelques-unes de ces erreurs volontaires.

La première erreur en est une de sens et de phonétique. La phrase trafiquée dit : «On est fou ou on le devient en grandissant.» Or, il faut comprendre – et c’est plus facile à l’oral, j’en conviens – que ce n’est pas le verbe «être» qui doit être employé, mais bien le verbe «naître». On doit donc écrire : «On naît fou ou on le devient en grandissant.»

Au début du paragraphe suivant, il faut écrire «Quel que soit…» plutôt que «Quelque soit…».

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Il y avait des erreurs aux disciplines sportives d’hiver que sont le bobsleigh et le skeleton. Un peu plus loin, il fallait écrire «Schtroumpfs» et non «Schtroumfs». Les bulles dans lesquelles est écrit le texte des bandes dessinées s’appellent des «phylactères», avec un seul «l». Et on doit écrire : «…de quelque album que ce soit» sans faire l’élision («quelqu’album).

Le mot «happy few», qui désigne un petit groupe de privilégiés ou d’initiés, s’écrit sans trait d’union. Il est bel et bien admis en français.

Autre petit piège de sens : les amoureux des automobiles qui bichonnent leurs «breaks» et non pas leur «brakes». On ne parle pas des freins – et de toute façon le mot brake n’est pas admis en français – mais bien du modèle de voiture que sont les breaks. Dans «quatre cent trente-neuf mille dollars», mille ne s’accorde jamais.

Il fallait écrire «philatélistes» sans «h». Mais il fallait doubler le «l» de «vexillologistes». Les vexillologistes sont ceux qui collectionnent les drapeaux.

Il ne fallait pas mettre de «u» à «infatigables». Et le verbe parcourir à la troisième personne du pluriel, au présent de l’indicatif, est «parcourent» et non «parcourrent».

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Pour ce qui est des noms de pays, la seule erreur insérée dans le texte était à «Qatar», qui s’écrit sans «u», contrairement à «Québec» ou à «Quito», par exemple.

Dans le paragraphe sur la botanique, il faut retenir que «dahlias» s’écrit ainsi en raison du botaniste Dahl, qui a découvert cette fleur. «Pétale» est un nom masculin. Il fallait écrire «les pétales allongés». Et quant aux adjectifs de couleur, retenons que «écarlates» doit s’accorder puisqu’il fait partie des exceptions dans la liste des noms devenus adjectifs de couleurs (comme fauve, mauve, rose, pourpre, incarnat…), alors que «cerise» demeure invariable puisqu’il suit la règle générale.

Enfin, le mot «affres» s’écrit sans accent circonflexe.

Voilà. J’espère que vous avez apprécié l’exercice. Combien aviez-vous repéré de fautes dans le texte truqué? Dites-vous que si c’est plus de dix, vous êtes parmi les meilleurs…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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