La Dame à la licorne

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Publié 17/03/2015 par Gabriel Racle

La Dame à la licorne est une tenture composée de six tapisseries datant de la fin du XVe siècle, exposée au Musée de Cluny à Paris. C’est aussi le titre d’un film de Dominique Crèvecoeur (1978), d’un roman de Tracy Chevalier, The Lady and the Unicorn, paru à New York (2003), traduit en français sous ce titre et d’un roman de René Barjavel, portant le même titre.

La licorne figure dans Le Jardin des délices (1503-1504) de Jérôme Bosch (L’Express, 19 août 2014) dans lequel elle est présente trois fois, comme chez Rabelais. Dama col licorno est un tableau attribué à Raphaël, datant de 1505-1506, conservé à la Galerie Borghèse à Rome.

Animal mythique

Quel animal est donc cette licorne? Appelée autrefois unicorne, c’est un animal mythique, légendaire, doté d’une seule corne, qui figure dans de nombreux textes anciens, comme animal réel.

On ne connaît pas avec précision l’origine de cette fabuleuse légende en Occident. Elle viendrait peut-être de l’Inde ou de la Perse par des récits de voyage qui en parlent dans l’Antiquité grecque, sous le nom de monocéros (une seule corne).

La mythologie chinoise comporte un étrange animal, parfois unicorne, dénommé quilin, souvent appelé licorne en Occident. Il a pu exercer quelque influence, même si cet animal légendaire chinois est très différent de la licorne occidentale.

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Animaux réels

Certains animaux sauvages bien réels ont pu contribuer à donner corps à cette licorne dont l’existence a été admise pendant longtemps. Il y a le rhinocéros de Java, décrit comme une licorne, et le rhinocéros indien, à la corme duquel on attribuait des propriétés thérapeutiques.

Il y a aussi la «licorne géante», dotée d’une très grande corne au milieu de la tête, surnom donné à un énorme rhinocéros d’Eurasie, l’Elasmotherium, aujourd’hui éteint, et des antilopes, l’élan, l’oryx, ou des anomalies naturelles, un animal n’ayant qu’une corne au lieu de deux.

On trouvait chez des apothicaires du Moyen Âge des cornes spiralées, vendues comme cornes de licorne, ce qui accréditait la légende. Mais il s’agissait d’une défense de narval, ce mammifère de l’océan Arctique, dont une incisive gauche se prolonge en corme spiralée pouvant atteindre trois mètres.

Symbolisme

Animal mythique, la licorne occidentale qui a fini par prendre une forme chevaline blanche, avec une corne sur la tête, est entourée d’un symbolisme prolifique. Il y a des symboles profanes et des symboles religieux, d’origine chrétienne, sans que cette distinction soit clairement établie.

La licorne est symbole de force, de puissance, de pureté. Avec sa corne, elle est le symbole d’une flèche spirituelle, d’un rayon solaire, de la main de Dieu, de l’entrée du divin dans la création. C’est un animal de bon augure attiré par les vierges.

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Inspiration artistique

Tous ces symboles ont probablement favorisé l’essor artistique de cet animal fabuleux. Selon Fred Bruemmer, «la magnifique et mystérieuse licorne a inspiré la pensée humaine et l’art comme aucun autre animal, réel ou imaginaire».

Et cet auteur mentionne, en plus du tableau attribué à Raphaël montrant une dame tenant une petite licorne dans ses bras, Albrecht Dürer et Léonard de Vinci qui l’ont également peinte, et le renommé sculpteur florentin Benvenuto Cellini qui l’a coulée dans l’or. Et, bien entendu, il évoque les très célèbres tapisseries qui représentent cet animal.

Les tapisseries à la licorne

La Chasse à la licorne est une série de sept tapisseries exécutées entre 1455 et 1506 dans les ateliers de Bruxelles1 ou de Liège. On y voit des chasseurs poursuivre et capturer une licorne. Ces tapisseries se trouvent au musée The Cloisters à New York.

Les tapisseries les plus célèbres sont celles de la série La Dame à la licorne, qui se trouve à Paris, au Musée de Cluny. Cet ensemble de six tapisseries, datées des années 1500, est souvent considéré comme la «Joconde» de ce musée. Ces pièces de grand format, environ 3,5×3,5 m, tissage de laine et soie, ont reçu un nom rattaché à leur signification.

Le Goût: la Dame prend dans un drageoir une dragée. Un singe porte cette confiserie à sa bouche.

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L’Odorat: la Dame tresse un collier de fleurs parfumées.

L’Ouïe: la Dame joue de l’orgue. sa servante actionne les soufflets.

Le Toucher: la Dame prend la corne de la licorne de sa main gauche.

La Vue: la Dame tient un miroir dans lequel se reflète la tête de la licorne.

Dans la sixième, À Mon Seul Désir, la Dame remet dans un coffre le collier qu’elle portait sur les autres tapisseries. Ce serait le refus de la tentation des cinq sens.

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Héraldique

La licorne est aussi une figure héraldique imaginaire que l’on retrouve dans les armoiries du Canada, calquées sur celles du Royaume-Uni.

Mais la licorne porte la bannière des armes de France (trois fleurs de lys d’or sur fond azur), semblable au blason royal de France qui ornait la croix plantée par Jacques Cartier.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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