La Crète: une terre bénie des dieux

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 09/09/2008 par Aurélie Resch

S’étirant d’Est en Ouest sur 250 km au sud de la Grèce, la Crête, terre aride au relief accidenté, émerge du bleu de la mer Méditerranée telle l’épine dorsale d’un gigantesque dragon marin en attente. Un monstre sorti tout droit d’une mythologie riche en héros et créatures mythiques. Univers fascinant dans lequel le voyageur se plonge volontiers en posant le pied sur cette terre sèche et craquelée sertie d’eaux turquoise. Il émane en effet de l’île un parfum d’odyssée, de conquête et d’intrigue qu’entretiennent falaises battues par les vents et ruines célèbres.

C’est en Crète, dit-on, que Gaïa donna le jour à son fils Zeus, afin de le soustraire à la folie meurtrière de son mari Cronos, décidé à manger chacun de ses enfants de peur qu’un de ceux-ci ne le tuent et ne le remplacent. Zeus grandit donc en paix sur cette île de la Méditerranée, élevé par des nymphes. Plus tard, c’est sur cette terre que, changé en taureau, il emmènera la belle Europe et que de leurs amours naîtra le futur roi de Crète, Minos. Du nom de ce dernier découlera la civilisation minoenne, tournée vers le commerce maritime, dont la Crète sera le berceau. L’épouse de Minos eut d’une liaison adultère favorisée par Poséidon, un monstre, le Minotaure, que Minos fit enfermer sous son palais à Cnossos, dans un labyrinthe construit par Dédale. Le Minotaure exigeait rituellement le sacrifice de 7 jeunes gens et jeunes femmes. Thésée aidé d’Ariane, vinrent à bout du monstre grâce à leur ruse et épargnèrent ainsi la vie de nombreux jeunes gens. Dédale, qui avait aidé Pasiphaé dans ses amours extraconjugales, fut poursuivi par la haine de Minos. Afin de lui échapper avec son fils Icare, il construisit deux paires d’ailes en cire. Dédale parvint à s’enfuir, mais Icare mourut en volant trop près du soleil qui fit fondre la cire de ses ailes.

De ces légendes fondatrices demeure un esprit d’aventure qui souffle sur toute l’île, de nombreux récits et de très beaux sites, relativement bien conservés. Le plus complet demeure à Cnossos, à quelques kilomètres d’Héraklion, avec ses cornes de minotaure à l’entrée du site, ses murs de pierre et ses colonnes, ses fresques ravivées ou dupliquées pour mieux rendre compte de la beauté et des couleurs des pièces du palais et des bâtiments qui l’encerclaient. Avec une vue superbe sur les collines et les oliviers environnants le site de Cnossos garde un charme fou et une poésie qui se conjugue encore de nos jours au rythme des cigales. Ce plus important site archéologique minoen connu est aussi un incontournable des civilisations de l’Europe archaïque.

Pour le promeneur, oscillant entre Histoire et plage, sillonner tranquillement la Crète d’un bout à l’autre, flâner dans les rues langoureuses d’Héraklion dont le superbe port offre une vue imprenable sur la Grande Bleue ou de plonger dans le passé en découvrant les merveilles de son musée archéologique, sera un vrai bonheur. Ses petites places ombragées, ses belles églises et bâtiments à l’architecture soignée, en font une halte agréable qui peut se transformer en soirée animée dès la tombée du jour. À la pointe ouest de l’île, se trouve le «diamant de la Crète» qui marie admirablement passé et présent. La ville de La Canée est la plus importante ville de commerce maritime de la Crète avec une jonction directe sur le Pirée en Grèce. D’une beauté à couper le souffle, cette ville blanche dont les ruelles pavées agrémentées de bougainvilliers, avec des maisons en front de mer qui arborent des façades à l’italienne, fut la convoitise des vénitiens, puis des turcs et garde encore le meilleur des deux cultures (admirer sans restriction la belle architecture, découvrir les églises parfois converties en mosquées et aller faire un tour dans les bains turcs sur le port est un enchantement). La Canée fut suffisamment importante pour être mentionnée dans l’Odyssée d’Homère et autorisée à frapper sa propre monnaie. Aujourd’hui, plaque tournante du commerce et du tourisme, la ville offre aussi la possibilité aux artistes crétois et grecs d’exposer leurs œuvres. Tout près, sa petite sœur Réthymnon s’étire avec langueur vers la mer, offrant aux touristes ses petits bars de bord de mer et ses échoppes vendant éponges naturelles et produits régionaux.

Publicité

Tout à fait à l’autre bout de l’île, le promeneur sera impressionné par les vertigineux à-pics des Gorges de Samara. Le voyageur trouvera davantage de repos en partant en excursion dans le centre des terres, au milieu des oliviers. En se hissant sur les plateaux de Lassithi, on découvre un visage plus sauvage de la Crète, mais aussi plus calme et reposant. Avec sa nuée de moulins aux ailes blanches, ses grandes collines, son petit monastère en pierre et ses troupeau de chèvre, ce site naturel est un enchantement. Ce sera aussi l’occasion pour le voyageur de s’assoir autour d’un verre, de discuter avec des crétois à l’écart des masses touristiques des plages et de découvrir l’artisanat local.

Il est possible en Crète d’arpenter les sentiers battus, en marchant sur les traces des légendes qui firent de cette île un mythe, tout comme il est facile de découvrir son propre paradis, à l’abri de l’agitation des villes et des centres balnéaires. Une destination qui a beaucoup à offrir et qui continue d’attirer d’année en année de nombreux routards amoureux d’Histoire ou de nature. Une terre bénie des dieux dont il serait dommage de se priver.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur