Cette décision a été renversée par la Cour suprême. Plus précisément, même si les juges de la Cour ont conclu que l’article du Code qui interdit de tels propos viole la liberté d’expression et de religion protégée par la Charte canadienne des droits et libertés, ils ont aussi jugé que de telles limites sont acceptables dans notre société pour empêcher la propagation de la haine envers certains groupes.
Malgré le jugement, William Whatcott n’a pas l’intention d’arrêter. «Je crois que Dieu m’a demandé de parler de ces questions morales», a-t-il déclaré à La Presse Canadienne. Donc si l’on regarde cela de cette perspective, je vais probablement distribuer un autre dépliant qui explique les opinions judéo-chrétiennes sur l’homosexualité dans ma manière habituelle qui est directe et franche», a-t-il ajouté.
Il a aussi qualifié les juges de la Cour suprême de «socialistes» qui ont «massacré nos lois et notre tradition de liberté d’expression». Il a ajouté que les juges de la Cour sont «une honte».
Distinction entre la haine et le ridicule
La Cour suprême a toutefois invalidé une petite portion du Code: celle qui prévoyait que les propos qui «ridiculisent, rabaissent ou portent par ailleurs atteinte à la dignité» sont interdits. Pour la Cour, il faut plus, c’est-à-dire que les propos incitent à la haine.
La Cour suprême a ainsi qualifié les dépliants de M. Whatcott: «Des passages des tracts D et E présentent de nombreuses ‘caractéristiques’ de la haine reconnues par la jurisprudence. Ils dépeignent le groupe ciblé comme une menace qui pourrait compromettre la sécurité et le bien-être d’autrui. (…) Ils dénigrent les homosexuels en les dépeignant comme des dépendants sexuels dégoutants ou sales et en les comparant à des pédophiles, qui ont généralement fait l’objet de l’opprobre public».