Dans les années 1970, à la suite de la montée du nationalisme québécois et de la prise de conscience identitaire des Canadiens-français à l’extérieur du Québec, ces derniers doivent se définir à partir d’une réalité qui leur est propre. Dans le cas de l’Ontario, des jeunes créateurs expriment cette réalité en fondant la Coopérative des artistes du Nouvel Ontario (CANO), le Théâtre du Nouvel Ontario et les Éditions Prise de parole.
C’est sous l’égide de Pierre Bélanger que des musiciens, chanteurs, photographes et potiers se rassemblent sur une terre à Earlton pour se livrer à des actes de création dans une atmosphère de radicalisme serein. Connu sous le nom de Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario (CANO), ce regroupement voit le jour le 28 janvier 1972 et se présente davantage comme un feeling partagé qu’une entreprise de coopération. Y participent, entre autres, les artistes Pierre Germain, Robert Paquette, André Paiement, Michael Gallagher et Marcel Aymar.
Il ne faut pas confondre CANO-Musique avec la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario (CANO) qui regroupe à la fois des artistes de la chanson et des artistes visuels. André Paiement et Marcel Aymar font partie des deux entités et ils s’associent à Rachel Paiement, David Burt et John Doerr pour fonder le groupe musical qui crée un envoûtement majeur auprès de la jeunesse franco-ontarienne à la fin des années 1970.
«Au-delà des situations conflictuelles que la Révolution tranquille provoque, il y a la Révolution sereine de la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario (qui) met en valeur l’approche conciliante de la minorité franco-ontarienne devant le mouvement d’affirmation de la majorité québécoise», fait remarquer Gaston Tremblay. Si les Québécois redessinent les limites des institutions qui existent depuis près d’un siècle, les Franco-Ontariens, pour leur part, «sont condamnés à reconstruire dans un vacuum social les institutions artistiques dont ils ont besoin pour s’exprimer». CANO est issue de ce mouvement.
