La commercialisation des écoles publiques

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Publié 23/05/2006 par Winston Carter (FCE), Erika Shaker (CCPA), Alain Pélissier (CSQ)

Combien de boîtes d’amandes enrobées de chocolat faut-il vendre pour financer l’éducation d’un enfant?

Le financement insuffisant accordé à l’éducation publique a contraint les écoles et les communautés scolaires à compenser cette situation par divers moyens: campagnes de financement au moyen de la sollicitation porte-à porte, recettes publicitaires, marchés exclusifs de commercialisation ou encore obtention de dons ou de matériel auprès du secteur privé. Cependant, l’utilisation de ces méthodes a été observée, jusqu’à présent, de façon isolée.

La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, le Centre canadien de politiques alternatives et la Fédération des syndicats de l’enseignement ont décidé d’effectuer un sondage national afin de recueillir des données sur une gamme d’activités commerciales dans les écoles publiques élémentaires et secondaires du pays. […]

Voici quelques-unes des conclusions de l’étude (aussi comprises dans le rapport La commercialisation des écoles canadiennes: qui mène la barque?):

• Environ un tiers des écoles, dont une plus forte proportion d’écoles secondaires que d’écoles élémentaires, ont rapporté la présence de publicité dans les locaux ou sur le terrain de l’établissement.

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• Vingt-sept pour cent des écoles ont conclu un contrat exclusif de commercialisation avec Coca-Cola ou Pepsi-Cola. […]

• Les activités de financement sont courantes dans les écoles, l’argent ainsi amassé servant aux excursions scolaires, à la bibliothèque, aux programmes sportifs et à la technologie; 60% des écoles élémentaires ont recours à ces activités pour acheter des livres de bibliothèque.

• Les écoles recueilleraient – par des campagnes de financement et d’autres moyens, dont les frais d’utilisation, les recettes provenant de la publicité, les partenariats et les parrainages – des sommes allant de quelques centaines de dollars à, dans certains cas, plusieurs centaines de milliers de dollars.

L’étude soulève des questions fondamentales au sujet des effets de la commercialisation et de la privatisation sur les élèves, le personnel enseignant, les écoles et l’éducation publique dans son ensemble.

Si les écoles et les communautés scolaires n’ont pas toutes la même capacité de recueillir de l’argent et d’attirer les bailleurs de fonds de l’extérieur, quelle incidence ces activités ont-elles sur l’équité?

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Quels élèves dans quelles communautés ont accès à de meilleurs programmes grâce aux fonds privés, et lesquels n’ont pas cette chance? […] Qui veille à ce que les programmes et le matériel de cours fournis par des sources privées soient complets, exacts et objectifs?

Lorsque les écoles dépendent de plus en plus de sources de fonds privées, qu’arrive-t-il si la situation économique devient instable, que la générosité des entreprises diminue ou que les parents sont incapables de recueillir autant de fonds?

La salle de classe est un milieu comme nul autre, fait qui n’a pas échappé aux spécialistes du marketing. Ces derniers le décrivent ouvertement comme étant un endroit idéal pour atteindre ce groupe de consommateurs et consommatrices dont l’influence ne cesse de croître – les élèves – que la loi contraint à fréquenter l’école cinq jours par semaine, six heures par jour, dix mois par année, jusqu’à l’âge de 16 ans. […]

L’éducation financée par les deniers publics, accessible à tous et à toutes et pleinement intégratrice, est une responsabilité sociale qui a été instituée afin de donner des chances égales à tous les enfants. […] Toute source de financement non publique est donc susceptible de compromettre la capacité des écoles d’atteindre les objectifs qui leur ont été fixés.

Certains gouvernements provinciaux – ainsi que d’autres administrations – ont pris des mesures pour bannir des établissements scolaires les boissons gazeuses et la malbouffe dans une démarche pour améliorer la santé des enfants et des jeunes.

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D’autres ont décidé d’interdire complètement la publicité s’adressant aux enfants. Cependant, ces mesures s’inscrivent dans un cadre beaucoup plus vaste lorsqu’il est question du rôle de nos institutions publiques, en particulier des écoles. […]

La collecte de fonds n’est certainement pas une activité récente (pensez au nombre de boîtes d’amandes enrobées de chocolat que vous avez achetées pour soutenir l’école de votre communauté), mais les résultats de ce premier sondage national indiquent que la commercialisation des écoles a sans aucun doute franchi l’étape des ventes de pâtisseries et des loteries et revêt maintenant de nombreuses formes.

Ils montrent également que les recettes de ces nouvelles campagnes de financement ne servent plus seulement à payer les voyages des orchestres d’école, mais bien à acheter des livres, des pupitres et, – croyez-le ou non – de l’équipement pour des salles de toilettes.

Nous ne parlons plus de matériel superflu ou accessoire, mais plutôt de ce que la majorité d’entre nous considèrent comme des biens de première nécessité pour un enseignement de base.

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