La Colombie-Britannique fête ses 150 ans

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Publié 29/07/2008 par Gabriel Racle

C’est il y a 150 ans, en 1758, que le nom de Colombie-Britannique a été officiellement attribué à une partie continentale de l’Amérique du Nord bordant l’océan Pacifique, qui constitue une grande partie de la province actuelle. Il semble que cette désignation ait été faite par la reine Victoria.

Mais cette dénomination est survenue au fil de circonstances historiques qui auraient pu faire que l’actuelle Colombie-Britannique ne fasse jamais partie du Canada!

Certes, cette région de l’Amérique du Nord était peuplée bien avant l’arrivée des Européens, sans doute par des populations venues d’Asie 20 000 ou 30 000 ans avant notre ère, après avoir traversé à pied le détroit de Béring alors à sec. Une étude génétique de l’université du Michigan, publiée en février dernier, montre que des Sibériens et des Amérindiens possèdent des caractéristiques génétiques propres, avec une répartition géographique qui va dans le sens d’un peuplement par le Nord.

Mais d’autres sources de peuplement sont possibles, puisqu’on a trouvé en Amérique du Sud des preuves d’une occupation humaine très ancienne, remontant dans certains cas jusqu’à 60 000 ans avant notre ère.

Quelle que soit leur origine exacte, des peuples autochtones existaient dans cette zone lorsque les premiers Européens ont commencé à apparaître dans cette région reculée, explorée tardivement par eux.

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Vers le Nord, les Russes cherchaient à exploiter ce qui est maintenant l’Alaska et le navigateur danois Vitus Bering, au service de leur marine, a peut-être atteint ce territoire en 1740, en cherchant à établir si l’Amérique du Nord était séparée de l’Asie.

Vers le Sud, ce sont les Espagnols qui remontaient vers le Nord et qui rattachèrent cette zone à l’Espagne, à la suite de trois expéditions entre 1554 et 1779.

Les Anglais s’intéressaient aussi à cette région. N’ayant pu trouver le passage du nord-ouest pour faciliter leur commerce en pleine prospérité avec l’Asie, James Cook fut chargé de trouver une voie terrestre à partir de la côte ouest. En 1774, il aborde la côte ouest de l’île de Vancouver pour longer ensuite la côte vers le Nord et bifurquer vers l’Asie, sans plus trouver de passage.

Mais cette expédition a eu deux conséquences. D’une part, elle marque le début d’une activité commerciale fructueuse. Les marins avaient acheté des fourrures de loutre de mer auprès des autochtones et les avaient revendues sans peine en Chine. Ce commerce s’est développé immédiatement et au plus fort de l’exploitation, entre 1785 et 1825, plus de 170 navires de plusieurs pays se rendaient sur la côte, jusqu’à l’extinction presque complète de la loutre de mer. C’est un premier épisode de l’effondrement d’une activité économique axée sur les ressources naturelles,

L’autre conséquence est une controverse avec l’Espagne sur la souveraineté du détroit de Nootka, la voie d’accès à cette région. Le point est d’importance. La Convention de Nootka de 1790 accorde des droits commerciaux aux deux pays sans traiter de la possession du détroit.

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Chaque partie cherche alors à renforcer sa position en recueillant autant de renseignements que possible. Entre 1792 et 1794, le capitaine George Vancouver dresse une grande partie de la carte côtière au profit de la Grande-Bretagne. En 1795, l’Espagne se retire de ce secteur.

Le commerce des fourrures attire vers cette région les représentants de compagnies venus de l’Est, comme Alexander Mackenzie (1792) ou Simon Fraser (1898), à la recherche d’un passage maritime, et la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) qui finit par monopoliser la traite des fourrures dans cette région du nord-ouest du Pacifique, appelée alors New Caledonia.

C’est la guerre de 1812, entre le Royaume-Uni et les États-Unis, terminée par le Traité de Gand de 1814, qui fixera finalement les limites géographiques de la future Colombie-Britannique et, par la suite, son statut politique.

Il fallait bien, en effet, déterminer la frontière entre la colonie britannique et le nouvel État. Le 20 octobre 1818, une convention entre les deux antagonistes clarifie la frontière ouest entre le Canada et les États-Unis comme «une ligne partant de l’extrême nord-ouest du lac des Bois et s’étendant jusqu’au 49e parallèle, qu’elle longe vers l’Ouest jusqu’aux montagnes Rocheuses».

La région à l’ouest des montagnes Rocheuses reste «libre et ouverte» à l’Angleterre et aux États-Unis, mais les deux pays ne tardent pas à s’opposer dans leurs revendications portant sur le territoire de l’Oregon, la région à l’ouest des montagnes Rocheuses. James Knox Polk se fait élire président des ÉU avec son slogan «54-40 or fight!», c’est-à-dire jusqu’à la frontière russe de l’Alaska.

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Mais le 11e président décide de négocier plutôt que de se battre, et le Traité de l’Oregon de 1846 fixe la frontière au 49e parallèle, jusqu’au Pacifique, en contournant la pointe sud de l’île de Vancouver.

La région était ainsi délimitée au Sud et cédée à la Grande-Bretagne, qui colonise l’île en 1849 et en nomme Raoul Blanchard gouverneur, remplacé en 1851 par James Douflas, qui était à la tête de la CBH dans la région.

L’île s’appelait à l’origine l’île Quadra-Vancouver pour commémorer l’amitié entre le navigateur espagnol Bodega y Quadra et le capitaine anglais George Vancouver. Mais des cartographes de la CBH, par inadvertance ou délibérément, ne reportèrent pas sur leurs cartes le nom du capitaine espagnol. L’île deviendra une colonie britannique à part entière le 30 mai 1859, à l’expiration de la concession de la CBH.

En 1857, se répand la rumeur de la découverte d’or dans les sables aurifères du fleuve Fraser. Une véritable ruée vers l’or s’ensuit. Certaines estimations parlent de 30 000 arrivants en 1858. D’autres suivent.

Il fallait organiser le pouvoir et Londres crée alors, le 2 août 1858, une colonie. Selon le choix de la reine Victoria, elle aurait été nommée Colombie-Britannique, pour remplacer celui de Nouvelle-Calédonie porté par un établissement français du Pacifique.

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Les frontières actuelles de la Colombie-Britannique étaient fixées en 1863 pour l’essentiel alors que, suite à la ruée vers l’or à l’extrême Nord, la métropole confirmait la souveraineté du territoire continental jusqu’au 60e parallèle et, à l’Est, jusqu’au 120e méridien. En 1866, les deux colonies étaient regroupées en une seule. Et commence alors l’histoire de la Colombie-Britannique.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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