La Chine à la conquête de l’Afrique

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Publié 06/12/2005 par Jean-Baptiste Foaleng

Au début du siècle dernier, les Africains ont accueilli jusque dans les villages les plus reculés des missionnaires qui supportaient des conditions de vie beaucoup plus austères que celles des Chinois qui se lancent au-jourd’hui dans une aventure plus ou moins semblable, munis de leur vaste gamme de produits manufacturés aux prix extraordinairement bas.

La religion et l’école à l’européenne se sont répandues comme une traînée de poudre sur le continent noir. Les religieux blancs venus d’Europe avaient une mission très appréciée. Ils apportaient «la bonne nouvelle», ils bâtissaient des églises, des écoles et des hôpitaux.

Pendant ce temps, certains Asiatiques et les Chinois en particulier fermaient hermétiquement leurs portes à l’intrusion et à la curiosité vorace des Occidentaux, refusant leurs écoles et leurs religions. Le président Bush, lors de sa dernière visite en Chine, a particulièrement tenu à visiter une des rares églises chrétiennes qui y est autorisée mais qui reste sous haute surveillance.

La comparaison des résultats obtenus aujourd’hui par la Chine d’une part et par l’Afrique d’autre part est assez éloquente. La Chine a su préserver sa langue, ses religions, bref toutes les principales composantes de sa culture des assauts multiples de l’Occident. Ses richesses naturelles, aussi, profitent essentiellement aux populations locales.

En revanche, la culture et l’économie en Afrique – pour ne pas dire toute l’Afrique – se portent plus mal que jamais. De nombreuses langues et religions africaines sont en voie de disparition. En sacrifiant ce qu’ils avaient de plus précieux, certains Africains espéraient qu’ils réaliseraient les mêmes succès économiques, militaires, scientifiques que les Européens (comme l’explique si bien Cheikh Hamidou Kane dans L’Aventure ambiguë).

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Pendant la période précoloniale et coloniale, des missionnaires ont eu accès aux parties les plus intimes de l’Afrique, ce qui leur ont permis de devenir de précieux agents de renseignement pour les colons ou pour les affairistes de leur pays d’origine. Profitant de la candeur et de l’impuissance des Africains de cette époque, certains Européens se sont emparés de somptueuses oeuvres d’art.

Aujourd’hui, le monde se bouscule aux portes de leurs musées pour admirer ces oeuvres de l’ancienne Afrique. Y compris les Africains, qui payent l’Europe pour regarder les oeuvres de leurs ancêtres soit dans les livres, soit dans les musées, soit à travers les médias. Depuis plusieurs siècles, les matières premières importées d’Afrique servent au développement de l’Europe et de l’Amérique.

Désormais, un nouveau concurrent affiche résolument ses ambitions: la Chine. Elle ne veut plus être en reste. Elle réclame aussi sa part de précieuses matières premières. Elle envoie ses hommes dans les pays africains pour cesser d’être une réalité abstraite et lointaine. Pour occuper un terrain qui a pendant longtemps été la chasse gardée des Occidentaux.

Les Africains de l’Est à l’Ouest du continent s’étonnent de voir apparaître les Chinois comme des champignons. «(Les Chinois )sont partout! Bientôt on va les voir en train de vendre les ‘’beignets-harricot’’ dans les quartiers (……) Les Chinois ont envahi les principales artères commerçantes de la capitale économique (camerounaise)» s’écrit un reporter du Messager (journal camerounais).

Rompant avec l’époque communiste où elle interdisait aux siens de quitter le pays, la Chine ne craint plus la contagion capitaliste. Elle tient à impliquer ses hommes partout et à tous les niveaux de la chaîne de production, des usines jusqu’aux petits étalages au bord des routes africaines en passant par les supermarchés des pays riches.

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Les Chinois avaient-ils tort de garder les Occidentaux à distance? Loin s’en faut. Tout porte à croire qu’ils ont su attendre le meilleur moment. De nos jours, les hommes politiques de tous les pays de la planète, y compris les politiciens et les hommes d’affaires occidentaux s’agenouillent devant les leaders Chinois. Le marché immense que représente la Chine moderne est l’objet de toutes les convoitises. Sa production industrielle est redoutée.

Quant à l’Afrique, le peu qui lui restait est en train d’être arraché sous le regard insouciant d’une classe politique égoïste, incompétente, corrompue et indifférente aux pleurs et aux appels au secours des populations dont elle a la charge.

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