Au début du siècle dernier, les Africains ont accueilli jusque dans les villages les plus reculés des missionnaires qui supportaient des conditions de vie beaucoup plus austères que celles des Chinois qui se lancent au-jourd’hui dans une aventure plus ou moins semblable, munis de leur vaste gamme de produits manufacturés aux prix extraordinairement bas.
La religion et l’école à l’européenne se sont répandues comme une traînée de poudre sur le continent noir. Les religieux blancs venus d’Europe avaient une mission très appréciée. Ils apportaient «la bonne nouvelle», ils bâtissaient des églises, des écoles et des hôpitaux.
Pendant ce temps, certains Asiatiques et les Chinois en particulier fermaient hermétiquement leurs portes à l’intrusion et à la curiosité vorace des Occidentaux, refusant leurs écoles et leurs religions. Le président Bush, lors de sa dernière visite en Chine, a particulièrement tenu à visiter une des rares églises chrétiennes qui y est autorisée mais qui reste sous haute surveillance.
La comparaison des résultats obtenus aujourd’hui par la Chine d’une part et par l’Afrique d’autre part est assez éloquente. La Chine a su préserver sa langue, ses religions, bref toutes les principales composantes de sa culture des assauts multiples de l’Occident. Ses richesses naturelles, aussi, profitent essentiellement aux populations locales.
En revanche, la culture et l’économie en Afrique – pour ne pas dire toute l’Afrique – se portent plus mal que jamais. De nombreuses langues et religions africaines sont en voie de disparition. En sacrifiant ce qu’ils avaient de plus précieux, certains Africains espéraient qu’ils réaliseraient les mêmes succès économiques, militaires, scientifiques que les Européens (comme l’explique si bien Cheikh Hamidou Kane dans L’Aventure ambiguë).