L’espace à 100 km
Mais elle allait contribuer à un virage dans la façon dont seraient entreprises les recherches sur les animaux envoyés dans l’espace. Autant les États-Unis que l’Union Soviétique avaient jusqu’alors embarqué plusieurs animaux sur des vols d’essai, avec un souci pour leur sécurité qui semblerait aujourd’hui choquant.
Dès 1948, un singe rhésus nommé Albert avait volé à bord d’une fusée V-2, qui avait atteint une altitude de 63 kilomètres (la «frontière» d’un vol dans l’espace est de 100 km). Bien que le vol ait été considéré un succès, Albert n’avait pas survécu, pas plus que ses trois successeurs.
D’autres animaux avaient été plus chanceux, comme les deux premiers chiens soviétiques, Dezik et Tsygan, récupérés vivants le 21 juillet 1951 après un vol suborbital (c’est-à-dire un vol qui a dépassé le seuil des 100 km avant de revenir sur Terre, sans avoir effectué une orbite). Mais Dezik ne survivrait pas à son deuxième voyage en raison d’une défaillance du parachute du missile.
Inconnues
Les observateurs qui avaient été interrogés en 2017 à l’occasion du 60e anniversaire de Laïka avaient rappelé qu’on ignorait même, en 1957, si un être humain pourrait survivre en apesanteur, ou au-delà de notre atmosphère, ou en raison de l’exposition aux radiations.
La survie des animaux ne se posait donc pas dans les mêmes termes qu’aujourd’hui. La sensibilité à l’égard du sort des animaux de laboratoire a rendu impossible de sacrifier en connaissance de cause un animal comme Laïka.