La bourde de McGuinty

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Publié 12/02/2008 par Paul-François Sylvestre

J’ai eu l’honneur de devenir membre de l’Ordre de l’Ontario lors d’une cérémonie d’investiture tenue à Queen’s Park le 24 janvier. Le lieutenant-gouverneur a fait un effort pour livrer un message dans les deux langues. La maîtresse de cérémonie a accompli sa tâche en accordant une place parfaitement égale au français et à l’anglais. La citation, dans mon cas, a été lue d’abord en français, puis en anglais.

Il y a cependant eu un accroc de taille lorsque le Premier ministre a pris la parole. Après une petite phrase de félicitations, prononcée en anglais et en français, il a livré un long message unilingue anglais. Il s’est contenté d’une «token French sentence»! 

Ce geste inacceptable a jeté une ombre sur une cérémonie qui s’était pourtant si bien déroulée. Même la prière et l’hymne national avaient été rendus dans les deux langues.

Pourquoi le Premier ministre, qui peut s’exprimer très bien dans les deux langues, a-t-il choisi de bafouer le français dans l’enceinte du parlement provincial? Celui ou celle qui écrit ses discours mérite d’être réprimandé. J’ai porté plainte auprès du Commissariat aux services en français car je crois que ce dernier doit clairement faire comprendre au Bureau du Premier ministre que la Loi sur les services en français s’applique à tous les messages que livre le chef du gouvernement.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit. Lors de la remise du Prix du Premier ministre pour l’excellence artistique, le 26 février 2007, le Premier ministre a livré son message par vidéo-conférence et, à l’exception d’une «token French sentence» aussi générale que banale, il s’est exprimé en anglais seulement. J’en ai saisi l’Office des Affaires francophones, mais on n’a jamais accusé réception de ma plainte, on n’y a encore moins donné suite.

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Lors du banquet qui a suivi la cérémonie d’investiture, le ministre des Affaires civiques et de l’Immigration a pris la parole. Je veux bien croire que Michael Chan ne maîtrise pas la langue française, mais il aurait quand même pu dire Bonsoir, Félicitations et Merci.

Il est temps que la ministre des Affaires francophones, Madeleine Meilleur, fasse comprendre à ses collègues du cabinet et à son patron que la mise en œuvre de la Loi sur les services en français est une responsabilité collégiale. Tout le monde doit mettre l’épaule à la roue.

J’ai hâte de voir comment le nouveau Commissariat aux services en français, dirigé par François Boileau, s’y prendra pour redresser la situation.

… et celle de Bob Rae

Chaque fois que j’ai un contact avec le candidat libéral de la circonscription fédérale de Toronto-Centre, je me heurte à des comportements unilingues anglais. J’ai d’abord soulevé ce problème avec Bill Graham, mais il n’a rien fait. Dès que Bob Rae a été choisi comme candidat pour succéder à Graham, je lui ai personnellement fait part de mes préoccupations et il m’a juré que ses communications se feraient dans les deux langues. Il m’a menti effrontément.

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Avant Noël j’ai reçu une carte postale où Bob Rae me transmettait ses vœux. Tout était unilingue anglais. Sous la photo du candidat il y avait un grand espace blanc qui aurait pu facilement servir à donner voix à l’autre langue officielle. J’ai porté plainte en envoyant un courriel à [email protected]. Je n’ai pas eu de réponse. Un mois plus tard je suis revenu à la charge. Pas de réponse à mes courriels en français. J’ai téléphoné mais personne ne pouvait me parler en français.

Le samedi 26 janvier Bob Rae est venu faire campagne à Place Saint-Laurent. Il a frappé à la porte de chaque résident et a distribué un dépliant unilingue anglais. J’ai vertement protesté et Rae a promis qu’il remédierait à la situation. Je ne le crois pas.

J’ai quand même envoyé un courriel à son bureau pour dénoncer ce tract insultant. De toute évidence personne n’a répondu.

J’ai clairement fait savoir au candidat libéral que je ne voterais pas pour lui tant et aussi longtemps que ses communications contreviendraient à la dualité linguistique. J’espère que tous les francophones de Toronto Centre feront de même.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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