Où va donc le plat pays de ce Jacques Brel brûlant? Pays surréaliste à trois morceaux d’où les touristes ne retiennent que ses bandes dessinées, ses pralines, sa bière, ses moules et ses bonnes frites. Une belgitude en crise et qui menace de ne laisser derrière elle que le vague souvenir d’un pays uni… par compromis.
Une stabilité, hélas, hypocrite qui maintenait un pays, depuis son indépendance en 1830, par un unionisme de consensus basé sur la crainte d’être dévoré par la Hollande et/ou la France voisines.
Voilà un pays au bord de la dérive depuis qu’Yves Leterme, le nouveau Premier ministre belge a, il y a deux semaines, décidé de jeter l’éponge en remettant au roi Albert II la démission de son gouvernement de coalition, composé de cinq partis politiques des communautés francophones et néerlandophones.
Le Premier ministre, qui a vu sa démission rejetée, ne parvient pas à défaire ce nœud institutionnel emmêlé et dans lequel les partis flamands réclament une autonomie plus accrue des régions, notamment en matière de sécurité sociale et de fiscalité. Une autonomie qui pourrait être fatidique à la Wallonie francophone et inéluctablement à la Belgique dans son ensemble.
«Pour schématiser disons qu’en Belgique, c’est 60% de Flamands qui se partagent 55% de la richesse; c’est 10% de Bruxellois qui se partagent 30% de la richesse et c’est 30% de Wallons qui se partagent 15% de la richesse. Dès lors, des compétences comme celles de la perception d’impôts et de sécurité sociale, qui sont toujours entre les mains du fédéral, pourraient étouffer la Wallonie si elles bifurquaient vers les régions», explique l’ambassadeur de Belgique au Canada, Jean Lint, au cours d’une conversation avec L’Express.