«Ki moun nou yé»: Toronto célèbre le mois créole

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Publié 17/10/2006 par Aurélie Lebelle

«Messieurs et dames si je dis bonsoir c’est parce qu’il ne fait pas jour et si je dis pas bonne nuit c’est auquel-que la nuit sera blanche ce soir comme un cochon-planche dans son mauvais samedi et plus blanche même qu’un béké sans soleil sous son parapluie de promenade au mitan d’une pièce-cannes é krii?»

Cet extrait des Dits de Solibo de Patrick Chamoiseau plonge immédiatement le spectateur dans l’atmosphère créole. Chantant et coloré, l’univers créole est à l’image de sa littérature, une mosaïque.

Venus des cinq continents, les populations se sont mélangées lors de la colonisation et de la diversité des influences a germé des langues, des religions et des cultures diverses. Il existe aujourd’hui plusieurs variétés de créoles même si elles possèdent 90% d’éléments communs.

Qui dit créole dit souvent plages de sable fin et paradis terrestres. Pourtant, au-delà de la vision paradisiaque des paysages créoles, la reconnaisance et l’engagement politique sont désormais au devant de la scène et représentent un nouveau défi pour les populations.

Ki moun nou yé (qui sommes-nous?): le mois créole transmet sa culture au monde pour affirmer son identité. «Le mois créole de Toronto permet de montrer que nous sommes présents, explique Paul Comarmond. L’Organisation internationale des peuples créoles existe seulement depuis un an et nous aurons un Carrefour de la créolité à la Réunion dans deux semaines. Cela bouge et doit être connu du public.»

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Afin de représenter les 15 millions de Créoles à travers le monde et plus particulièrement les 200 000 qui vivent au Canada, les événements de la Ville-Reine tâcheront de traiter des sujets phares de la culture créole.

Exposition et diaporama sur l’origine des sociétés créoles

L’ouverture du mois créole a rassemblé une trentaine de personnes de tous les milieux à la galerie Céline-Allard pour le vernissage de l’exposition sur l’origine des sociétés créoles.

«Nous avons commencé le mois créole avec le vernissage de l’exposition le 7 octobre. Il y avait des photos du Conseil régional de la Martinique et des affiches réalisées par des bénévoles», explique Paul Comarmond. «On a cherché à montrer l’évolution des sociétés créoles dans leur pays et en diaspora.»

Avant le vernissage, un diaporama sur les Créoles du monde a été projeté, retraçant toute l’histoire des Créoles de la traite au XVe siècle aux grandes capitales qui accueillent aujourd’hui les populations créoles. Toronto en fait partie.

«Cela a permis de rapprocher des gens qui viennent des quatre coins du monde», souligne l’organisateur. Le mois créole cherche également à rassembler des personnes aux cultures et langues diverses qui possèdent néanmoins un socle commun.

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La notion du pan-créole et le rôle des grandes capitales

Le mardi 10 octobre dans la soirée, une conférence présidée par Rodolf Étienne, écrivain et journaliste martiniquais, a réuni une vingtaine de personnes aux origines créoles très variées. «Les participants se sont exprimés dans leur créole respectif, en haïtien, martiniquais et mauricien», souligne M. Comarmont avant d’ajouter: «Nous avons invité Rodolf Étienne pour présenter une conférence sur le rôle des grandes capitales et la pancréalité avec bien sûr un point de vue créole.»

La conférence a débuté avec un documentaire, Haïti 200 ans de liberté, qui évoquait le travail d’une association humanitaire martiniquaise Voiles sans frontières dans le but de rassembler des cadeaux en Martinique et de les acheminer par bateau sur l’île des vaches en Haïti.

Lors de la conférence, Rodolphe Étienne a évoqué la notion du pan-créole et le rôle des grandes capitales en insistant sur le fort dynamisme créole.«Dans les grandes villes, le rôle de la diaspora est de sensibiliser les enfants aux coutumes, croyances, musiques et gastronomie créoles pour que la langue d’origine soit apprise naturellement.»

Soirée littéraire

Le vendredi 20 octobre, de 18h à 21h, le mois créole accueillera une soirée littéraire sur le thème de la traduction anglais/français/créole. Marie-Célie Agnant, qui présentera la soirée littéraire, sortira la veille son dernier roman, Le livre d’Emma, en version anglaise.

«C’est un livre sur la condition de la femme noire dans un contexte où elle est en minorité, explique Marie-Célie Agnant. La femme est accusée de meurtre. Pour voir si elle est apte à subir un procès, elle rencontre un docteur et décide de parler dans sa langue d’origine pendant le procès. Sur fond de revendications, j’évoque les problèmes de la femme, la colonisation, la transmission et la reconnaissance.»

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Alors que la soirée tournera principalement autour du roman de l’auteure créole, une table-ronde traitera des problèmes de traduction.

28 octobre: Journée internationale créole

Pour couronner un mois de réflexions et de soirées, les organisateurs ont prévu un spectacle haut en couleurs et riche en musique. Aux sons des rythmes créoles, les participants seront accueillis le 28 octobre autour d’un grand repas créole.

«Les gens qui viendront à la galerie pourront savourer des dégustations des différentes contrées. Ils devront reconnaître le lieu de provenance de ce qu’ils mangent», précise M. Comarmond. Des contes et légendes du monde créole seront lus lors de la soirée. «Nous espérons rassembler les Créoles du monde entier dans une ambiance festive et conviviale», conclu l’organisateur.

Galerie Céline-Allard, Centre francophone de Toronto, 20 avenue Lower Spadina.

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