Joseph-Armand Bombardier: un homme, une œuvre

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Publié 18/02/2014 par Gabriel Racle

Il y a 50 ans, le 18 février 1964, décédait à 56 ans Joseph-Armand Bombardier dans la ville de Sherbrooke, au Québec, laissant son nom attaché à une entreprise connue désormais dans le monde entier.

Joseph-Armand est né à Valcourt, en Estrie, le16 avril 1907. L’enfant s’intéresse très tôt à la mécanique, démontant et remontant les mécanismes de jouets.

À 13 ans, il fabrique un modèle réduit de locomotive fonctionnant avec un mécanisme d’horlogerie. Doté d’une imagination fertile, il construit des jouets mobiles, comme des tracteurs ou des bateaux, au grand plaisir de ses frères et sœurs.

Il invente une machine à vapeur avec une vieille machine à coudre et fait tourner à toute vitesse le rouet de sa tante médusée. Avec le canon d’un fusil hors d’usage, il fabrique un canon sur roue qui produit des détonations éclatantes avec de la poudre noire.

Son père lui donne le moteur «irréparable» d’une vieille voiture Ford, qu’il remet en état de marche.

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Avec cet engin, la collaboration de son frère Léopold et de cousins, il fabrique aux vacances de Noël 1922 un traîneau qui glisse sur la neige, mû par le moteur Ford qui actionne une hélice de propulsion située à l’arrière, comme sur les hydroglisseurs dont des essais tâtonnent en Europe au début de ce siècle.

Les essais de ce premier véhicule circulant sur la neige suscitent la surprise et l’admiration. Mais le père de Joseph-Armand, conscient du danger que représente l’hélice, lui fait démonter l’engin. «Joseph-Armand obéit, mais dans son for intérieur, il est fier d’avoir fait fonctionner sa machine sur la neige.»

Qui trouve invente

Ayant, par cette invention, démontré son ingéniosité à trouver une solution originale au problème récurrent des déplacements en hiver, Joseph-Armand quitte le séminaire de Sherbrooke et la voie ecclésiastique sur laquelle l’avait engagé son père. Il va faire un apprentissage dans un garage voisin en 1924. Puis, il part pour Montréal où il travaille dans un garage, suit des cours du soir de mécanique et d’électricité automobile et des cours d’anglais. «Il lit toutes les publications scientifiques et technologiques qui lui tombent sous la main.»

À 19 ans, il ouvre son propre garage à Valcourt. «Son père lui consent un prêt, et sa famille l’aide à construire le bâtiment. Il n’a que 19 ans, mais son aptitude remarquable à trouver une solution à tout problème mécanique, qu’il s’agisse de moteurs d’automobiles, de bancs de scies ou de pompes agricoles, lui vaut rapidement une excellente réputation dans la région. Grâce à ses succès, le jeune homme est en mesure de rembourser le prêt paternel dès 1929», explique le Musée Bombardier de Valcourt.

Son travail est saisonnier, car les routes des villages ne sont alors pas déneigées au Québec. J.-A. cherche à mettre au point un véhicule capable de se déplacer sur la neige. Marié à 22 ans avec Yvonne Labrecque, il est affecté par la mort le 17 janvier 1934 de son fils Yvon-Gilles, né en 1931, qui n’a pu être transporté à l’hôpital de Sherbrooke faute de moyens de transport appropriés, ce qui accentue ses travaux.

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En 1935, après de nombreux essais et recherches, il invente un système révolutionnaire de propulsion, «une roue d’engrenage dentée, le barbotin fabriqué en bois et recouvert de caoutchouc, pour entraîner la chenille. Cette dernière est composée de deux bandes de caoutchouc reliées entre elles par des traverses d’acier». Circuler sur la neige devient possible

Qui invente construit

J.-A. Bombardier construit ses premiers véhicules équipés de son système barbotin-chenille breveté en 1937. Le B7 (Bombardier 7 places) connaît un bon succès, si bien qu’il faut édifier une usine en 1940, inaugurée en 1941, capable de construire par an 200 véhicules, des auto-neige. L’inventeur est devenu producteur industriel. Il construit la B12 brevetée en 1942, un véritable succès.

La guerre freine ses activités. Il travaille pour l’armée canadienne en développant divers véhicules blindés capables de circuler dans la neige. Et il doit utiliser pour ce faire une usine désaffectée de Montréal. Il dépose encore plusieurs brevets et crée la société L’Auto-Neige Bombardier (1942).

Après la guerre, l’essor de l’entreprise Bombardier se poursuit avec des véhicules diversifiés: transport scolaire, véhicules industriels, véhicules tout-terrain.

Le grand succès de Joseph-Armand sera la création de la motoneige, grâce à l’arrivée sur le marché de moteurs légers et l’emploi d’une chenille sans fin, conçue et brevetée par son fils Germain. C’est le véhicule léger et individuel dont a toujours rêvé Joseph-Armand, baptisé Ski-Doo.

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La mort met fin à la carrière de Joseph-Armand Bombardier, mais la voie qu’il a tracée va s’agrandir dans les domaines du transport ferroviaire ou aéronautique, bien connus désormais, de l’entreprise multinationale Bombardier Inc.

Pour l’histoire

Un 18 février également, il y a 450 ans, en 1564, décédait à Rome Michel-Ange (L’Express, 3/10/2013).

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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