John Baird remet la citoyenneté canadienne d’honneur à Aung San Suu Kyi

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Publié 08/03/2012 par Mike Blanchfield (La Presse Canadienne)

à 20h00 HNE, le 8 mars 2012.

RANGOON, Myanmar – La dissidente politique Aung San Suu Kyi a profité jeudi de la visite du ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, pour prévenir que de fausses listes d’électeurs pourraient compromettre les élections qui doivent avoir lieu en Birmanie le 1er avril prochain.

M. Baird, le plus récent d’une longue série de visiteurs internationaux reçus par Mme Suu Kyi, s’est dit très préoccupé par les révélations de l’opposante, à qui il a remis la citoyenneté canadienne d’honneur.

La cérémonie s’est déroulée dans la maison de Rangoon où la lauréate du prix Nobel de la paix a été assignée à résidence par la junte militaire au cours de 15 des 23 dernières années.

«Nous venons de découvrir que les listes électorales comportent de nombreuses irrégularités et nous avons demandé à la commission électorale d’y remédier, a dit la dissidente au terme de sa rencontre d’une heure avec M. Baird. Plusieurs personnes décédées semblent préparées à voter le 1er avril. On ne peut pas tolérer ça, non? Et plusieurs autres choses du même genre.»

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La rencontre de M. Baird avec Mme Suu Kyi a représenté le fait saillant de sa visite en Birmanie, un des pires états-voyous de la planète. Et s’il avait témoigné d’un certain optimisme après s’être entretenu, plus tôt jeudi, avec quelques-uns des leaders birmans les plus ouverts à la réforme, le ministre semblait clairement avoir déchanté après son entretien avec une des plus célèbres militantes du monde pour la démocratie.

«Je suis très préoccupé par plusieurs irrégularités que le parti a porté à l’attention du gouvernement, des dirigeants de la commission électorale. Nous attendons la suite des événements», a dit M. Baird.

Aung San Suu Kyi, qui est devenue un symbole international de résistance pacifique, est candidate aux élections partielles qui doivent avoir lieu le mois prochain et qui sont considérées comme un test pour le nouveau leadership civil birman.

Elle est l’une des cinq personnes — et la seule femme — à avoir été nommée citoyenne canadienne d’honneur. Le ministre Baird lui a présenté cette reconnaissance, annoncée en 2007, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.

Âgée de 66 ans, Mme Suu Kyi est maintenant la chef de l’opposition et son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, fait activement campagne.

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John Baird avait auparavant rencontré le président birman, Thein Sein, et son homologue Wunna Maung Lwin. Cette rencontre s’est déroulée dans un somptueux palais présidentiel de la nouvelle capitale, Naypyitaw. M. Baird a déclaré que ses hôtes ont exprimé un engagement solide envers les prochaines élections et d’éventuelles réformes.

«Je suis excité par leur enthousiasme et leur appui à un processus libre, juste et transparent, a-t-il dit. Je n’aimerais rien de plus que de pouvoir émettre, le 2 avril, un communiqué les félicitant pour une élection sans tache, juste et transparente.»

C’est à ce moment que Mme Suu Kyi l’a interrompu. «Nous ne croyons pas que tous les résultats seront connus le 2 avril. Je ne suis pas certaine que nous travaillons si rapidement», a-t-elle dit.

«Au Canada, nous réglons tout ça le soir même», a répliqué M. Baird.

Ce à quoi Mme Suu Kyi a répondu: «Nous ne sommes pas le Canada — pas encore».

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Le ministre Baird n’a pas annoncé d’assouplissement des sanctions canadiennes à l’endroit de la Birmanie, comme l’ont fait récemment les États-Unis et d’autres pays occidentaux. Il a toutefois laissé entendre que cela pourrait survenir si les nouveaux dirigeants du pays tiennent parole et mettent en place des réformes.

Des changements étonnants sont survenus depuis un an dans ce pays de 60 millions d’habitants d’Asie du Sud-Est, riche en ressources naturelles mais encore très peu développé. Des centaines de prisonniers politiques ont ainsi été libérés et les médias jouissent d’une plus grande liberté.

Mais Mme Suu Kyi a prévenu que la communauté internationale doit continuer à surveiller de près les dirigeants de son pays, pour obtenir encore plus de libertés.

«Nous ne disposons pas encore d’une liberté complète d’information, nous n’avons pas une liberté totale de communications, mais c’est ce à quoi nous devons aspirer», a-t-elle dit. Elle a aussi promis de dénoncer «haut et fort» les irrégularités décelées, si celles-ci ne sont pas corrigées.

M. Baird est ressorti clairement ému de sa rencontre avec une personnalité internationale aussi «impressionnante». «Je dois l’admettre: je suis rarement aussi estomaqué.»

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