Le beau temps nous ramène les joggueurs. Ce ne sont pas les plus sérieux. Le joggueur professionnel joggue en toute saison. Au feu rouge, il piétine dans la neige ou la gadoue mais ne s’arrête jamais. Il a un ressort inusable dans les jambes. Le feu vert le fait s’élancer le premier. Il court n’importe où. Le trafic ne l’arrête pas. Si la rue est bloquée, il se faufile à travers les voitures. L’essentiel est de garder le rythme.
La pollution ne le gêne pas. Il joggue aux carrefours les plus enfumés de vapeurs d’essence. Il y prend même un certain plaisir masochiste. On voit bien à son rictus que c’est un obstiné des muscles jambiers. Il sue. Mais c’est bon pour la peau. Les poumons s’habituent vite et il ne tousse même pas beaucoup. De temps à autre, il crache tout noir, signe qu’il expectore bien les impuretés atmosphériques.
Le joggueur et la joggueuse amateurs se concentrent surtout dans les ravins boisés ou dans les parcs, les jours de grand soleil. Ils s’appliquent à respirer et leurs poumons sont comme des ailes de papillons bien déployées. Ils participent parfois aux marathons de bienfaisance mais n’ont pas honte d’arriver les derniers.
Ils ont des vêtements fonctionnels et de bon goût. Les magazines féminins surtout leur ont donné de précieux conseils pour des sous-vêtements appropriés. Il est recommandé, en particulier aux demoiselles à poitrine forte, de bien choisir le soutien-gorge qui évitera une houle déplaisante sinon provocante. Il existe aussi des harnachements sportifs pour les messieurs.
