Jimmy Larouche: l’entreprenariat au service du cinéma

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Publié 01/04/2014 par François Bergeron

«200 diplômés sortent des écoles de cinéma chaque année au Québec… et Denys Arcand fait encore des films.» Voilà comment le cinéaste Jimmy Larouche a présenté le milieu compétitif dans lequel il évolue à son auditoire du Club canadien de Toronto jeudi dernier.

Invité du festival Cinéfranco pour y présenter son premier long-métrage, La cicatrice, tourné à Alma, dans son Saguenay-Lac-Saint-Jean natal, le cinéaste de 37 ans a raconté son parcours «d’entrepreneur», qualité sans laquelle son film n’aurait pas vu le jour.

Après avoir essuyé des refus attendus de la SODEC et de Téléfilm Canada, les principaux organismes de financement du cinéma québécois, Jimmy Larouche a décidé de trouver les 200 000 $ dont il avait besoin pour démarrer son projet auprès d’amis et de connaissances, 400 $ à la fois.

Pour convaincre ses prêteurs/donateurs, il s’est armé d’un plan d’affaires visant à «donner confiance aux gens», et il s’est mis à filmer ses démarches, diffusant sur Facebook et YouTube des clips qui rehaussaient sa crédibilité et suscitaient d’autres contributions.

C’est qu’avant de faire du cinéma professionnellement, Jimmy Larouche a étudié en marketing et a géré une franchise de peinture de maisons. Il faisait des «petits films» depuis longtemps avec des amis et a fini par réaliser neuf courts-métrages qui ont fait le tour de festivals, mais il n’imaginait pas en faire un métier.

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C’est son baratin – car aucune des personnes qu’il a approchées pour son long-métrage n’a lu son scénario – qui a convaincu des investisseurs d’embarquer, d’abord à coup de 400 $, puis 5000 $, puis 15 000 $ dans le cas de la Ville d’Alma dont un de ses anciens enseignants était conseiller municipal, puis 20 000 $ dans le cas du proprio d’un club vidéo où il avait travaillé…

Fort de son expérience avec sa franchise de peinture et d’autres contrats de vente, Jimmy Larouche «savait déjà à quel point le travail de démarchage était long et difficile», mais ce qui l’encourageait désormais, c’était de vendre quelque chose qu’il allait créer lui-même, plutôt que le travail d’autres créateurs.

«Et j’ai été heureux à toutes les étapes de la collecte de fonds, de la préparation, du  tournage et du montage du film», affirme-t-il.

Quatre ans plus tard, entre les salaires différés, les crédits d’impôts et une subvention de la SODEC qui s’est finalement manifestée pour la post-production, le film La cicatrice a été présenté en première mondiale en Corée du Sud, «avec sous-titres anglais en dessous et coréens sur le côté».

Le film traite de l’intimidation, que Jimmy Larouche connaît pour en avoir été victime autant que pour avoir été lui-même une brute, regrette-t-il.

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Ses investisseurs privés n’ont pas encore été remboursés (il a commencé par les acteurs et les techniciens), mais ils le seront, assure le cinéaste.

L’été dernier, Jimmy Larouche a entrepris de tourner, encore à Alma, son second long-métrage, Antoine et Marie, qui traitera de la drogue et du viol. Encore une fois, le financement privé a servi à lancer le projet.

C’est «la fierté d’avoir travaillé pour réaliser mon rêve» qui continue de motiver le cinéaste.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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