Jean Benoit-Lévy, histoire d’un cinéaste réfugié

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Publié 24/01/2012 par Amandine Sanial

Les conférences mensuelles de la Société d’histoire de Toronto reviennent en 2012 avec une première discussion consacrée au réalisateur et producteur français Jean Benoit-Lévy. Un récit historique et personnel fort de témoignages authentiques.

Mercredi soir, l’Alliance française de Toronto accueillait Suzanne Langlois, professeure agrégée et directrice du département d’Histoire au Collège universitaire Glendon, pour la première conférence de cette nouvelle année 2012.

Cette experte de la Résistance française a retracé la vie de Jean Benoit-Lévy, cinéaste victime du statut des Juifs d’octobre 1940 et forcé de quitter l’Europe sous l’occupation nazie.

Voilà presque dix ans que Suzanne Langlois sillonne la planète à la recherche d’informations sur ce réalisateur.

C’est d’abord en s’intéressant au cinéma réalisé au profit des Nations Unies qu’elle découvre l’existence de Jean Benoit-Lévy, l’un des pionniers en la matière. Au fil de voyages et avec l’aide de la famille Benoit-Lévy, Suzanne Langlois dresse aujourd’hui un portrait fidèle de ce cinéaste phare des années 1930 en Europe.

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Un français à New York

À la fin de l’année 1940, alors que l’Europe fait face à la montée du nazisme, Jean Benoit-Lévy est hésitant à l’idée de quitter son pays.

D’origine juive, ce réalisateur de films éducatifs ne mesure pas encore l’ampleur des événements. Alors que la famille Benoit-Lévy se décide enfin à quitter la France, elle essuie un premier refus d’émigrer aux États-Unis, comme en témoigne un échange de lettres conservées au Museum of Modern Art de New York.

En septembre 1941, la famille parvient finalement à s’installer à New York. S’il nourrit encore le désir de réaliser de nouveaux films, le cinéaste voit vite ses espoirs déchus: refusant de tourner à Hollywood, il eut d’abord du mal à se faire une place dans le cinéma américain.

Le statut des Juifs lui avait fait perdre non seulement son statut professionnel, mais également sa maison de production et jusqu’à son nom effacé des génériques de ses films.

La proposition d’un emploi de professeur pour la New School for Social Research fut alors une véritable bénédiction. Pendant toute la décennie 1940, il se consacre à l’enseignement et revient sur le devant de la scène cinématographique en 1947 avec un long métrage oscarisé, First Steps.

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On compte aujourd’hui près de 400 films et documentaires, deux séries de films de ballets ainsi que plusieurs films de fiction réalisés par Jean Benoit-Lévy.

C’est donc un parcours fait de succès et d’échecs que retrace Suzanne Langlois à travers une série de documents d’archives judicieusement mêlés au récit de proches du cinéaste.

«Le cinéaste, sa famille et moi»

Si Suzanne Langlois a multiplié les recherches au cours de ces dix dernières années, les archives historiques ne sont néanmoins pas ses seules sources de connaissances. C’est en effet la rencontre avec des témoins directs qui donne toute sa force au propos de l’historienne.

Suzanne Langlois est allée jusqu’à rencontrer les filles de Jean Benoit-Lévy, Françoise et Geneviève, afin d’ajouter un regard personnel au récit purement historique.

Depuis huit ans, Suzanne Langlois retrace le parcours du cinéaste avec l’aide de sa famille, au travers de témoignages authentiques qui donnent au projet tout son sens.

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«J’ai toujours souhaité garder leur voix dans chacune de mes publications. Elles ont une vision de l’histoire de leur père, et à travers mes recherches, j’en ai une autre».

La mémoire familiale occupe une place prépondérante dans le travail réalisé par Suzanne Langlois.

Plus qu’un simple exposé historique, ce sont de véritables tranches de vie qui s’entremêlent, ponctuées d’anecdotes et de détails historiques fascinants qui viennent appuyer les recherches; des photos, des lettres ou de simples souvenirs qui enrichissent le propos et le rendent vivant.

Prochain rendez-vous le 15 février avec une conférence d’Éric Veillette, «La cinématographie à Toronto de 1896 à nos jours», explorant nos salles de cinéma des grands palais de la rue Yonge aux petites salles des quartiers de Toronto.

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