«Je suis le seul candidat du vrai changement»

Gerard Kennedy au Club canadien de Toronto

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Publié 24/10/2006 par Magdaline Boutros

Ambitieux, travaillant, vif d’esprit: des qualificatifs qui collent à la peau de Gerard Kennedy. Pourtant, cet ancien ministre de l’Éducation de l’Ontario et actuel candidat à la course au leadership du Parti libéral du Canada n’attire pas l’attention des médias depuis le début de la course.

Peu connu à l’extérieur de l’Ontario et souffrant d’un manque de charisme face à ses adversaires Ignatieff et Rae, Gerard Kennedy ne semble pas détenir le profil du vainqueur. Mais voilà qu’au terme du «super week-end» d’il y a deux semaines au cours duquel les délégués au Congrès d’investiture du Parti libéral ont été élus, Kennedy s’est hissé en troisième position, doublant de justesse Stéphane Dion.

«C’est difficile pour les médias nationaux d’admettre que c’est possible qu’il y ait des gens de qualité au niveau provincial, avance-t-il en entrevue en guise d’explication. Je veux d’abord convaincre les militants libéraux, après les médias et ensuite le public.»

Invité du Club canadien de Toronto la semaine dernière, Gerard Kennedy a exposé sa vision pour l’avenir du pays et de son parti.

Il a tenu, d’entrée de jeu, à affirmer son attachement à la langue et à la culture française, soulignant au passage la présence de sa femme, Ginette Arsenault-Kennedy, d’origine acadienne, et l’éducation en français que suivent ses enfants à Toronto. «J’admets que je n’utilise pas toujours les meilleures expressions pour m’exprimer en français, mais je comprends les besoins des francophones», a-t-il lancé.

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Le Canada est confronté à trois nouveaux défis, soutient le prétendant à la direction de Parti libéral du Canada: la concurrence mondiale accrue, le vieillissement de la population et la désertion du milieu rural pour les villes.

Pour que le Canada réussisse à relever avec succès ces trois enjeux, Gerard Kennedy propose quatre vecteurs de réussite: stimuler davantage l’esprit d’entreprise, optimiser le potentiel humain qu’offre le multiculturalisme canadien, stimuler la participation et l’engagement de la population envers le processus politique et rendre au Canada sa voix et son influence sur la scène internationale.

Un régime présidentiel?

Trop de pouvoirs entre les mains d’un petit groupe de non-élus: voilà l’une des principales causes de la désertion des Canadiens face à la vie publique, croit Gerard Kennedy. Le bureau du premier ministre s’est approprié trop de pouvoirs dans les dernières années, croit-il. «Nous avons aujourd’hui l’équivalent d’un système présidentiel mais sans mécanisme de contrôle», critique le candidat.

«Par exemple, aux États-Unis, il y a le Congrès et le Sénat qui contrôlent les pouvoirs présidentiels. Mais ici, tous les pouvoirs exécutifs et législatifs sont dans un même bureau. C’est une recette pour créer de sérieux problèmes dans la dynamique politique», croit celui qui désire rétablir les liens entre le bureau du premier ministre d’une part, et les députés et les citoyens d’autre part.

Une mission qui a changé

Gerard Kennedy a aussi passé au crible la mission canadienne en Afghanistan. «Si nous continuons de négliger le développement du pays et à baisser les yeux face au commerce de l’opium, notre mission sera vouée à l’échec comme celle des États-Unis en Irak», a-t-il lancé.

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Il réclame un nouveau mandat pour la mission, mandat qui devrait refléter davantage les valeurs et principes canadiens, sans quoi le Canada devrait se retirer de l’Afghanistan en février 2007. «Nous devons avoir un mandat qui nous donne des chances de succès pour justifier nos sacrifices.»

Appuis francophones

Depuis le début de la campagne au leadership, Gerard Kennedy a recueilli de nombreux appuis francophones, la ministre Madeleine Meilleur et le député Jean-Marc Lalonde en tête. Ces deux ténors de la défense des droits des Franco-Ontariens étaient d’ailleurs présents au Club canadien pour soutenir M. Kennedy.

«J’appuie M. Kennedy, parce que j’admire son intelligence, son intégrité et sa sensibilité pour les francophones. Il a toujours été un allié au conseil des ministres et je sais que s’il devient premier ministre du pays, il aura cette vision et ces objectifs pour l’avancement des francophones dans tout le Canada», a soutenu en entrevue Madeleine Meilleur, ministre déléguée aux Affaires francophones.

«Gerard a été l’un des premiers députés à m’appuyer quand j’ai présenté mon projet de loi pour faire reconnaître officiellement le drapeau franco-ontarien comme symbole officiel de la province», a ajouté le député Lalonde.

Francophile, d’accord, mais connaît-il assez le français pour devenir premier ministre du Canada? «Je crois pour l’instant que j’ai un assez bon français pour être le chef de l’opposition. Mais c’est nécessaire que j’améliore mon niveau pour réussir dans les débats en français, pas seulement avec M. Harper – qui est également en processus d’apprentissage du français – mais aussi avec M. Duceppe.» Un de ses conseillers nous a d’ailleurs confié que M. Kennedy suivait des cours intensifs à l’Alliance française.

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À quelques semaines du Congrès d’investiture qui aura lieu à Montréal du 28 novembre au 3 décembre et qui scellera son avenir sur la scène politique fédérale, Gerard Kennedy fait appel à l’audace des délégués. «Souvent, le Parti libéral du Canada a choisi des jeunes chefs aux idées non conventionnelles.»

Il désire maintenant être le prochain. «Je suis quelqu’un de frais, avec une approche vraie en lien avec la famille moyenne. Je suis le seul candidat du renouvellement complet du parti», conclut-il.

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