Alain Touraine, peut-être le sociologue français le plus connu sur le continent américain, était invité les 24 et 25 avril au collège Glendon de l’Université York. Il donnait une conférence sur l’Amérique latine qu’il étudie depuis 50 ans, dans le cadre d’un colloque sur la transculturalité des Amériques.
Il a posé de nouvelles bases pour la recherche sociologique, axées sur le sujet contre tout déterminisme objectiviste, avant de recevoir un doctorat honorifique des mains des présidents de Glendon et de l’Université York. En bon sociologue il a tenu à clarifier les choses pour L’Express, un peu énervé par «toutes ces bêtises que l’on dit sur l’Amérique latine».
Au cœur d’une cérémonie solennelle dans la chambre du sénat du pavillon York, Alain Touraine tient un discours personnel. Un retour sur des années de recherches et combats sociologiques et un appel pour l’avenir des sciences sociales, guidées par l’individu, donné en majorité en anglais. Sous son chapeau et son costume traditionnels, Alain Touraine rêve de modernité.
«On peut toujours agir, faire quelque chose.» Le sociologue de renommée mondiale se lève contre tout totalitarisme social et choisit d’étudier le sujet. Pour lui, défendre les droits de la personne commence par contrer tout déterminisme, du reste «partagés autant par le marxisme que le libéralisme».
Il annonce la fin de la société libérale et propose d’analyser les nouvelles forces conductrices. Forces selon lui guidées par la culture, venant chasser le pesant paradigme économique du XXe siècle. Dans ce tournant, les femmes s’inséreraient et trouveraient une voie. Voir leur voix, «après s’être vu refusé le droit de dire je, pour seulement nous».