Internet: «Véhicule fascinant et puissant»

Pour la majorité d'entre nous, l'outil Internet n'a que 15 ans

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Publié 26/05/2009 par Caroline Amiard

Nous vivons dans une société submergée par les médias électroniques. «C’est une véritable révolution qui se passe autour de nous et, avec nous», assure le Dr Daniel Doz. Doyen de la Faculté de communication et de design de l’Université Ryerson de Toronto, le conférencier au déjeuner-causerie du Club canadien du 19 mai a lancé des pistes de réflexion sur la place du Web dans nos vies.

Le Dr Doz a su rendre son allocution intéressante et vivante en la ponctuant d’anecdotes. Fin gourmet, il raconte être à la recherche de «l’ultime mousse au chocolat». C’est à cette fin qu’il a tapé «meilleure mousse au chocolat du monde» sur le moteur de recherche Google. Sa requête a obtenue 1 800 000 résultats!

Au delà de l’anecdote c’est un réel questionnement qu’il anticipe: «Comment choisir, comment sélectionner, aujourd’hui la vrai question est de choisir une réponse». Pour le spécialiste, le tout Web engendre des impacts sociaux, économiques et humains sur lesquels il faut se questionner.

Une évolution rapide mais inégale

Le Web est entré dans nos vies en très peu de temps. Si le premier réseau Internet date de 1969, son utilisation par le commun des mortels n’a que 15 ans. Depuis, les nouveau moyens de communication ne cessent de s’améliorer. Mais l’accès est encore source d’inégalités.

«Si le monde était un village global de 100 habitants, l’électricité serait coupée la moitié du temps. Or, on ne peut utiliser la communication Web sans électricité. Le fossé se creuse entre ceux qui y ont accès et les autres. Cela crée des tensions et des inégalités qu’il faut surveiller.»

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Des valeurs en danger

La communication Web permet de rapprocher et de mélanger les gens et les idées, et d’en créer de nouvelles. Mais le Dr Doz s’inquiète du fait que cette forme de communication entrave les relations physiques et l’intimité. Ce sont des valeurs traditionnelles que l’on perd. Même «les relations intimes entre objet et individu disparaissent», affirme le spécialiste.

Pour appuyer son idée Daniel Doz, utilise encore une fois une expérience personnelle. Grand collectionneur de timbres français, il a retrouvé une lettre écrite il y a 156 ans. «C’est un simple témoignage, mais dans 156 ans les milliards de messages envoyés auront-ils la même valeur? Nous entrons dans une ère où la mémoire est celle de l’instant, c’est aujourd’hui est plus vraiment demain», conclut le conférencier.

«Il est évident que les nouveaux modes électroniques de communication abolissent les distances et facilitent de manière extraordinaire les échanges d’information […] Mais n’y a-t-il pas un danger énorme que tout se noie dans l’anonymat, que plus rien n’est de valeur car tout n’existe que pour quelques fractions de secondes?»

Le travail lui même s’est métamorphosé avec l’arrivée d’Internet. Aujourd’hui, le cycle de travail est de 24 heures. La journée de travail commence à Sydney, pour finir à New York, grâce à des entreprises qui collaborent et se partagent le travail à travers le monde.

De plus, l’arrivée des ordinateurs portables permet aux employés de continuer leur travail chez eux. «C’est bon pour la productivité, mais quel est l’effet sur la famille et les individus?», s’interroge Daniel Doz.

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Une vérité multiple

Certains sites Internet et réseaux rassemblent des internautes à travers le monde, comme Twitter, Facebook, You Tube, et Wikipedia, pour ne citer que les plus connus. Par exemple, 97 millions d’internautes ont visionné, sur You Tube, un petit garçon mettre son doigt dans la bouche de son petit frère, qui le mord ensuite!

Mais ce sont aussi de vrais affaires financières. En effet, You Tube a été acheté pour plus d’un milliard de dollars par Google en 2006, alors même que le site n’existait que depuis 2005.

Wikipedia est un site encyclopédique qui recense 12 000 000 d’articles. C’est l’accès à la connaissance pour tous. Mais pour Daniel Doz cela pose le problème de la pertinence de l’information.

Récemment, un étudiant irlandais a prouvé les dérives et les limites de l’information sur le Web. À la mort du compositeur français Maurice Jarre, le jeune homme a publié une fausse citation sur Wikipédia et il a ainsi berné la presse internationale. Cette citation a été reprise par des titres reconnus comme The Guardian ou The Independant.

«Internet est un véhicule fascinant et puissant qui permet d’échanger l’information et la culture», mais «quand tout et rien se retrouve sur Internet, on ne sait plus que croire. C’est une situation très grave», dit-il.

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