Intégration, vous dites!

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Publié 20/05/2008 par M.M.

L’immigrant est un être humain avant tout. Ce n’est pas un animal à domestiquer selon des règles de comportement ou des codes de conduite.

Il n’y a pas un immigrant qui n’a pas souffert de l’exil forcé ou voulu, qui le place dans une situation d’attente à espérer, à toujours espérer je ne sais quoi. Les jours et les nuits défilent à la vitesse de ses pensées souvent inexpliquées, sans pouvoir se déconnecter de ses souvenirs heureux ou malheureux qui le hanteront jusqu’à la fin de ses jours.

L’immigration est un phénomène qui bouffe son homme dans la mesure où la vie devient un automatisme régulé entre l’espoir et l’angoisse.

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L’immigration a de tout temps existé et elle a encore un bel avenir devant elle. Les différences de développement entre le Nord et le Sud, les problèmes environnementaux et les crises alimentaires prochaines portent à croire que l’immigration est le seul remède pour certains.

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Moi, je ne suis pas d’accord, car l’injustice est encore plus grave que la misère, et c’est probablement cette injustice qui pousse au départ.

Les gens sont prêts à supporter la misère et à la combattre, mais ne peuvent lutter contre l’injustice, alors ils s’en vont. Ce désir de partir est différent d’un pays à l’autre. Ce qui est lamentable, c’est de voir l’élite d’un pays fuir parce qu’elle ne trouve aucun espoir dans des systèmes dépassés et qui n’offrent aucune perspective d’avenir.

Quand on parle d’élite, il s’agit d’immigrants âgés de 35 ans à 45 ans qui possèdent une solide formation universitaire et une expérience de travail rigoureuse. La décision d’immigrer dans cette tranche d’âge prouve le degré de déception qui affecte le moral des prétendants au départ. Il ne s’agit pas d’un caprice de jeunesse mais d’une volonté réfléchie de fuir un marasme.
 
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Débute alors le processus d’immigration imposé par les pays demandeurs. Le postulant est très heureux de recevoir ses papiers d’immigration car il ressent une certaine délivrance par rapport à son pays d’origine et une volonté de réussir dans le pays d’accueil. Pour l’immigrant, le fait de quitter son pays d’origine est un pas vers l’intégration dans le pays d’accueil. Cette intégration ne pose pas problème pour l’immigrant qui a refermé derrière lui une porte, espérant en ouvrir une autre.

Il s’avère qu’il ne détient pas les clés de cette deuxième porte, tout dépend de ceux qui voudront bien la lui ouvrir. L’intégration relève de la responsabilité du pays d’accueil qui doit s’assurer d’un suivi de ses immigrants et ne pas les abandonner une fois sur place.

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L’immigrant allophone qui arrive au Québec fait l’effort d’apprendre le français et, avec le temps, il s’acclimate et considère cette langue comme une promotion sociale qui lui ouvre une porte d’espoir.

L’immigrant universitaire francophone, quant à lui, rencontre des obstacles aussi énormes que l’Himalaya. Il découvre que ses diplômes ne sont pas reconnus, que ses expériences ne valent rien, qu’il ne sert à rien.

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Après une période d’adaptation, commence la période du doute et du regret. Sachant que l’immigrant est instruit et bien éduqué, il comprend que la porte de l’intégration est fermée à triple tours par les corporations professionnelles.

La volonté de ne pas rester sur l’aide sociale fait retourner l’immigrant sur les bancs de l’université où il réapprend ce qu’il a déjà appris. Il reçoit une bourse plus faible que les indemnités d’aide sociale. Il s’aperçoit que malgré ce diplôme d’ici, les portes demeurent fermées. Toutes les explications du monde ne suffisent pas à le consoler, et il apprend que l’immigration a ses règles.

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L’intégration est une machination médiatique entretenue pour faire croire que des efforts sont faits pour leur assurer une place dans la société. Celle-ci est vraie pour les allophones à qui on offre des cours de francisation et non pour les francophones.

Les immigrants francophones maghrébins détenant un diplôme universitaire sont écartés et croupissent sur l’aide sociale. Il faudrait savoir que le retour en arrière n’est pas une mince affaire, car, comme dit l’adage, partir c’est mourir un peu.

Le recherche d’emploi est vide de sens. Les services offerts ne reposent sur aucune action concrète. L’immigrant a besoin d’être guidé et orienté vers des entreprises et organismes qui offrent des emplois. On ne lui apprend pas à rédiger un CV et lui demander de courir après les entreprises qui refusent de le recevoir.

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La vérité semble cruciale. Les expériences ne manquent pas. Moi-même, j’ai vécu l’enfer de l’aide sociale pendant cinq ans et cela m’a marqué de façon indélébile pour le restant de mes jours, sans pouvoir évaluer les séquelles sur les enfants. Rien ne pourra faire disparaître ces années où l’âme n’avait plus de valeur.

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Je voyais comme solution à mon calvaire le suicide. Plusieurs fois, je me voyais sous les rails du métro, mais l’appel de mes enfants était plus fort. J’ai fait du taxi et j’ai même été agressé. J’ai failli être tué par un cinglé qui voulait la minable recette. Quand on parle d’ingénieurs, de médecins et autres diplômés qui font du taxi à Montréal, ce n’est pas inventé, c’est la triste réalité.

Pour le francophone, l’immigration au Québec est un leurre. Parler français et vivre en français est une tromperie. On oblige l’immigrant à parler anglais et français alors que cette condition n’est pas exigée aux Québécois. L’intégration relève de la responsabilité du gouvernement québécois car, aujourd’hui, avec les conséquences du 11 septembre, nos enfants souffrent de ces étiquettes. Ils ne trouvent pas de travail.
 
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Autour de moi, des personnes de haute considération ont échoué dans leur tentative d’intégration. L’immigrant n’est pas venu au Québec pour vivre aux crochets de la société. Il faudrait lui restituer sa dignité en lui accordant un statut social par le travail. Un immigrant sans travail, c’est toute une famille qui déprime. Il y a ceux qui ont compris et n’ont pas hésité à quitter le Québec. Quel gâchis!

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