« Incendies », de Denis Villeneuve, sur les écrans torontois à partir de vendredi

Quand la fin n’est qu’un début

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Publié 18/01/2011 par Guillaume Garcia

Acclamé à sa sortie en salle au Québec en septembre dernier, le film Incendies, du réalisateur de Polytechnique arrive sur nos écrans en cette fin de mois de janvier. Tirée de la pièce de théâtre de Wadji Mouawad, l’histoire met en scène le décès d’une mère laissant derrière elle des secrets inavouables. Ses enfants, deux jumeaux, devront retrouver leur père et leur frère pour boucler la boucle et enfin découvrir qui était vraiment leur mère. Un film perturbant, avec en toile de fond la guerre, dont la réalité de l’horreur dépasse souvent la fiction.

Immigrée du Moyen-Orient, Nawal (Lubna Azabal) vit maintenant à Montréal avec ses deux jumeaux Jeanne (Mélissa Désormeaux-Poulin) et Simon (Maxim Gaudette). Elle meurt subitement et laisse derrière elle un testament que doit remettre le notaire pour qui elle travaillait depuis 15 ans, Jean Lebel (Rémy Girard), à ses deux enfants.

Ce rendez-vous fixe le point de départ d’une série de secrets à découvrir.

Les deux frères et sœur apprennent que leur père n’est pas mort et qu’ils ont un frère. Le notaire leur remet à chacun une lettre, qui leur demande de les retrouver, sans ça, elle refuse toute tombe et toute inscription.

En froid avec sa mère, Simon refuse tout en bloc tandis que Jeanne se met en quête. Elle part à la recherche du passé de sa mère, au Moyen-Orient, dans un pays «imaginaire» selon Denis Villeneuve, mais dont l’histoire ressemble fortement à celle du Liban, pays d’origine de Wadji Mouawad.

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Ce qu’elle va découvrir, on ne peut le souhaiter à personne et c’est finalement avec l’aide de son frère, du notaire et d’un ami sur place qu’ils feront la lumière sur l’énigme du passé de Nawal.

Les chocs des cultures s’avèrent violents. L’honneur, la famille, la religion, les chefs de guerre et la prison s’entremêlent apportant leurs lots de réponses et de questions sur la vie passée de leur maman.

Wadji Mouawad, aujourd’hui directeur artistique du Théâtre français du Centre national des arts du Canada à Ottawa indique s’être inspiré de l’histoire vraie d’une femme, emprisonnée dans le Sud Liban pour écrire la pièce Incendies. Comme quoi la réalité peut parfois dépasser la fiction en matière d’horreur.

Si le film est perturbant par les questions qu’il pose aux spectateurs, notamment en matière de rapport à la colère, il possède un pouvoir d’attraction hors du commun.

Plus le film avance et moins on a envie qu’il ne termine, malgré des images dures et une histoire qui prend au ventre. On veut en savoir encore plus. Pourquoi chercher encore, quand ce que l’on trouve tient de l’indicible, de l’horreur suprême? Comment certains personnages parviennent à rester debout, tant du côté bourreau que victime? Les critiques et le monde du cinéma ne s’y sont pas trompés et le film a été récompensé de multiples prix, comme à Toronto, Venise, Vancouver et Halifax.

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Lubna Azabal a elle-même reçu le prix de meilleure actrice au festival du film d’Abu Dhabi. Incendies a également obtenu le prix du public au Festival international du film francophone de Namur ainsi que le Grand prix du Jury au Festival du film de Varsovie. Incendies représente le Canada au Academy Awards 2011. Tourné en majeure partie en Jordanie, Incendies montre des terres ravagées par la rancœur, la revanche et la guerre de clan ou religion. Cette histoire, que Jeanne et Simon ne connaissent pas, ils vont devoir la faire leur et à ce petit jeu là, la comédienne Mélissa Désormeaux-Poulin s’en sort mieux, dans son rôle de Jeanne, que Maxim Gaudette, qui manque parfois de crédibilité dans la peau de Simon. Si les deux jumeaux n’attendent pas la même chose de leur quête commune, Jeanne nous fait rentrer dans l’histoire, à ses côtés, quand Simon peine à en voir l’intérêt.

Reste que le trio Maxim Gaudette, Mélissa Désormeaux-Poulin et Rémy Girard, qui excelle dans son rôle du notaire-père spirituel, apparaît comme une valeur sûre du cinéma québécois.

Absolument un film à voir, au TIFF Bell LightBox à partir du 21 janvier.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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