Immigration francophone: les gouvernements tournent en rond

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Une partie de la délégation au Forum FPT sur l’immigration francophone: les ministres Marie-France Lalonde et Laura Albanese (Ontario), le ministre fédéral Ahmed Hussen et le secrétaire parlementaire Arif Virani, ainsi que le ministre Jean-Marc Fournier (Québec).
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Publié 14/03/2018 par Jean-Pierre Dubé

Les ministres responsables de l’immigration de toutes les juridictions au Canada avaient décidé, lors d’un premier Forum en 2017, de faire de l’immigration francophone en milieu minoritaire une priorité. Un an plus tard, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) constate que les résultats ne sont pas au rendez-vous.

L’espoir d’une relance à court terme s’est évanoui lors du 2e Forum le 2 mars.

La performance des trois ordres de gouvernement, incluant Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, serait d’autant plus regrettable qu’aucun budget n’aurait été fixé pour mettre en œuvre leur plan d’action commun.

Nouvelle recyclée

«On s’attendait à beaucoup plus», souligne la vice-présidente Audrey Labrie. «L’an dernier à Moncton, ils nous avaient promis des actions concrètes et que ça allait être le début de beaucoup plus d’initiatives. On se retrouve avec une nouvelle recyclée et sans nouveaux engagements majeurs.»

La FCFA estime que la situation est critique. «C’est quand même remarquable que les provinces, les territoires et le fédéral s’engagent, reconnaît la porte-parole. Mais là où on est, on a besoin de plus que de la bonne volonté, on a besoin d’action.»

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«Si on ne réussit pas à avoir 275 000 nouveaux immigrants d’ici 2036», note la vice-présidente, «on va avoir une chute importante de notre poids démographique. C’est préoccupant que les gouvernements provinciaux et territoriaux ne s’engagent pas à des activités plus concrètes.»

«Le Symposium sera improductif»

Les gouvernements avaient promis deux grandes activités pour 2018: un plan d’action et un symposium réunissant les ministères et les communautés. Selon la FCFA, la logique aurait consisté à consulter les communautés lors du symposium avant d’élaborer sa planification.

Mais le contraire s’est produit: les gouvernements ont présenté le plan 20 jours avant le Symposium du 22 mars à Calgary.

«On avait insisté pour être consultés et on a soumis nos commentaires», assure Audrey Labrie, «mais ils ne sont pas reflétés dans le plan d’action, qu’ils ont fait à huis clos. Au Symposium, j’imagine qu’on sera appelés à travailler avec leur plan d’action, alors que ce n’est pas ce qu’il nous faut. Donc, ça va être très improductif comme démarche.»

Stratégie horizontale?

Dans un rapport d’étape publié en novembre dernier, le ministère avait pourtant recommandé de «créer et mettre en œuvre une stratégie unifiée et horizontale (incluant l’avancement d’une approche par et pour les francophones)».

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Le nouveau Plan d’action fédéral-provincial-territorial visant à accroitre l’Immigration francophone à l’Extérieur du Québec comprend des stratégies et des cibles, mais son financement est laissé à la discrétion des gouvernements. La FCFA espère que les nouveaux fonds du budget fédéral du 27 février visant l’immigration francophone seront mis à contribution.

De son côté, le ministère fédéral «n’est pas en mesure de commenter» sur le lien entre le Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023 et le Plan d’action FPT.

Les fonds s’ajoutent

La porte-parole des communications, Nancy Caron, explique que les 41 millions $ d’Ottawa sur cinq ans visent la prestation de services et d’initiatives pour améliorer l’intégration et l’établissement de nouveaux immigrants.

«Ce financement s’inscrit dans le contexte du Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023 du ministère du Patrimoine», conclut-elle, «et s’ajoute au financement actuel annoncé dans le cadre de la Feuille de route sur les langues officielles 2013-2018, qui continue.» Les détails du plan n’ont pas encore été dévoilés.

La FCFA n’entend pas baisser les bras. «Il y a toujours moyen d’influencer les actions des gouvernements», note Audrey Labrie, «on ne va pas lâcher prise. Ce qu’on demande au fédéral, c’est d’investir directement dans nos communautés au lieu de passer par des transferts entre gouvernements.»

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Elle signale que les critères d’évaluation développés par les provinces et territoires pour obtenir des fonds ne sont pas adaptés pour tenir compte des communautés francophones. Il serait difficile de se démarquer «face aux grosses institutions de la majorité».

Les orientations du Plan d’action FPT 2018-2023

Stratégies de collaboration

  • parrainer l’immigration francophone
  • collaborer dans les secteurs de l’emploi, les services accessibles et les communautés inclusives
  • rendre compte des progrès realisés
  • renforcer les activités de marketing
Cibles fédérales et provinciales/territoriales

  • Ontario: 5 %
  • Nouveau-Brunswick: 33%
  • TNO et TNL: 5%
  • Manitoba: 7 %
  • Fédéral: 4% d’immigrants économiques et 4,4 % de tous les immigrants

 

Auteur

  • Jean-Pierre Dubé

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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