Il y a Canadien et Canadien!

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Publié 29/07/2008 par Angèle Bassolé

L’histoire très émouvante et troublante du jeune enfant soldat canadien Omar Khadr ne cessera jamais de hanter le gouvernement Harper et la population canadienne dans son ensemble tant qu’il ne sera pas ramené au pays.

J’ai beau essayé de comprendre l’attitude du gouvernement conservateur actuel, je n’y arrive pas, pas plus que celle du gouvernement libéral sous lequel ce jeune enfant soldat s’est retrouvé dans les méandres de la justice américaine à la lugubre prison illégale de Guantanamo.

C’est le journaliste Patrice Roy, ancien chef d’antenne de la télévision de Radio Canada à Ottawa qui faisait un jour sur les ondes de la chaîne publique ce commentaire: «Si Omar Khadr s’était appelé Roy ou Tremblay, il serait déjà de retour au pays.»

C’est donc son nom, ses origines qui poseraient problème? Car en effet, si au lieu de s’appeler de ce nom imprononçable de Khadr, cet enfant soldat s’était appelé Roy, Tremblay et j’ajouterai Harper, il ne serait plus le seul prisonnier occidental à être encore à Guantanamo.

C’est troublant de devoir penser qu’Omar Khadr, à cause des origines égyptiennes et palestiniennes de ses parents, n’est pas considéré par le gouvernement canadien et sa population comme un véritable Canadien. Il y a donc Canadien et Canadien?

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À cause de mes origines africaines, on m’a déjà aussi dit que je n’étais «pas une vraie Canadienne et qu’on cherchait une vraie Canadienne». Venant d’une personne que je considérais comme une amie, cela m’a un peu troublée.

Cela m’a aussi fait rire car c’était le commentaire d’une intellectuelle. Imaginez alors ce que pourraient être ceux d’analphabètes n’ayant jamais franchi les limites de leur coin de pays!

Omar Khadr est pourtant bel et bien né ici. Et selon la loi canadienne, il est parfaitement et authentiquement Canadien de souche et pas immigrant comme ses parents. Il n’est venu ni de l’Égypte ni de la Palestine mais bien d’ici, du sol canadien de Toronto.

La société canadienne, bien que tolérante est aussi réputée raciste et sexiste. Pour ceux qui en doutaient encore, voilà la preuve qu’elle est effectivement raciste; sinon, comment comprendre le refus persistant des autorités canadiennes de voler au secours d’un de leurs concitoyens, enfant soldat en plus, emprisonné dans cette sinistre prison de Guantanamo?

Comment expliquer que le Premier ministre, lui-même père de famille, ne puisse pas s’émouvoir du cas de cet enfant, plus victime que coupable?

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Les faits qui lui sont reprochés ne sont même pas prouvés hors de tout doute. La probabilité que ce soldat américain, qu’on l’accuse d’avoir tué par une grenade, aurait été plutôt tué par des tirs amis, voire américains, demeure très forte. Les dommages collatéraux, c’est la spécialité de nos voisins.

Souvenez-vous de la toute première mission d’un contingent canadien en Afghanistan pris pour cible par des tirs amis américains et qui a laissé 6 cadavres de jeunes soldats Canadiens en 2003! Avec de tels amis, je puis vous assurer qu’on n’a plus vraiment besoin d’ennemis.

Omar Khadr est un enfant soldat qui avait 11 ans quand il a été enrôlé de force par son père dans son régiment d’Al Qaïda. À 11 ans, peut-on être tenu responsable de ses actes? Peut-on dire qu’à cet âge-là, Omar Khadr savait ce qu’il faisait et pouvait raisonnablement décider de lui-même et pour lui-même?

À la même période où l’affaire Khadr est revenue dans l’actualité canadienne, les médias nous relataient l’histoire de cette Ontarienne condamnée et emprisonnée au Mexique pour fraudes. Bien que les accusations pesant contre elle semblaient prouvées, le gouvernement canadien n’a pas hésité à la ramener au Canada sous l’argument fallacieux de lui faire purger sa peine ici mais une fois arrivée au pays, elle fut aussitôt libérée. Il y a Canadien et Canadien!

Avec un tel nom, le passé terroriste de son père, la burka de sa sœur de Toronto, Omar Khadr ne pouvait bénéficier de la présomption d’innocence ou de la compassion de ses compatriotes qui, de toute évidence, le renient. Coupable et condamné, il l’était déjà par ces seuls faits. Terroriste par hérédité!

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Est-ce tout cela qui explique l’attentisme des Canadiens dans ce dossier? Un de ses avocats faisait remarquer en effet qu’on ne voyait nulle part au pays se manifester un comité de soutien à cet enfant soldat.

Le Canada est pourtant considéré partout comme un pays respectueux des droits de la personne et particulièrement des enfants. Comme l’a dit quelqu’un, quelle leçon en matière de droits de la personne le Canada pourrait-il maintenant donner à la Chine? La population canadienne aurait-elle donc, comme le gouvernement Harper, condamné sans appel Omar Khadr?

J’ai toujours pourtant admiré l’engagement humaniste des Canadiennes et Canadiens, bravant les -50 du rude hiver pour manifester contre la guerre en Irak ou pour d’autres causes. Où sont-ils donc? Pourquoi personne ne crie, ne sort, ne manifeste pour ce pauvre enfant soldat? Pourquoi rien n’est donc fait pour lui? Pourquoi ce silence?

C’est le réputé journaliste et directeur de presse burkinabé Norbert Zongo qui disait que «le pire, ce n’est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens biens».

Alors, gens biens du Canada, levez-vous! Levons-nous ensemble et ramenons à la maison, là où est sa place, Omar Khadr, enfant soldat canadien.

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