Il y a 200 ans naissait l’inventeur du saxophone

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 18/11/2014 par Gabriel Racle

Plusieurs musiciens célèbres ont marqué cette année 2014 par la commémoration de leur anniversaire de naissance: Richard Strauss, Gluck, et de mort, Rameau. Tous trois étaient de grands maîtres de la musique classique. Mais on ne saurait oublier l’anniversaire de naissance d’un musicien qui ne relève pas de «la planète classique», que fête toute la Belgique et spécialement la Wallonie, celui d’Adolphe Sax.

Le Musée des instruments de musique de Bruxelles a organisé une grande exposition pour rendre hommage à l’inventeur du saxophone, SAXO200, qui présente jusqu’au 11 janvier 2015 quelque 200 instruments dont des pièces maîtresses, comme le plus vieux saxophone conservé, un baryton de 1846, et un ténor aux couleurs du drapeau étatsunien, reçu par Bill Clinton en 1994.

La famille Sax

Le futur inventeur du saxophone, Antoine-Joseph Sax, qui adoptera plus tard le prénom d’Adolphe, est né le 6 novembre 1814 à Dinant, incluse dans le département français de Sambre et Meuse jusqu’au 11 avril 1814, en Belgique indépendante depuis le 4 octobre 1830 après la fin de la domination des Pays-Bas.

Premier-né d’une famille de onze enfants dont le père est menuisier-ébéniste, Charles-Joseph Sax joue dans un orphéon du serpent, un tortueux instrument à vent grave. Il se tourne vers la fabrication d’instruments de musique et s’établit à Bruxelles en 1815.

«Doux rêveur, ses inventions partent toujours d’une idée un peu foldingue, par exemple cet orgue de la taille d’un wagon censé récupérer la vapeur des locomotives pour faire mugir les trains dans la campagne.» (Wikipédia)

Publicité

Néanmoins, la qualité de ses instruments en bois et en cuivre, flûtes, hautbois, clarinettes, violons, pianos, assure son succès.

Dès son plus jeune âge, Antoine-Joseph évolue dans l’atelier de son père. Loin de méconnaître les aspirations de son fils, il fait de celui-ci son apprenti qui, très tôt, comprend l’importance de son travail.

À 11 ans, il sait tourner les pièces d’une clarinette, mouler les clés, les fondre, les polir et les ajuster. Il fréquente aussi le Conservatoire de Bruxelles, où il étudie le solfège et la flûte. Il suit également des cours privés d’harmonie et de clarinette.

Soutenu et aidé par son père, il travaille, crée, perfectionne des instruments et en joue. À 16 ans, il présente à l’Exposition de l’Industrie de Bruxelles des flûtes et des clarinettes en ivoire. À 20 ans, il met au point une toute nouvelle clarinette à 24 clés, puis une nouvelle clarinette basse qui enthousiasme le chef d’orchestre de l’Opéra de Paris, de passage à Bruxelles.

Triomphe parisien

Désormais, il s’appellera Adolphe, un prénom d’origine germanique qui signifie pour lui énergie, courage, dynamisme, confiance en soi.

Publicité

En 1841, Adolphe gagne Paris qui représente alors le centre artistique attractif de l’Europe. Il ne part pas les mains vides. Depuis 1830, il travaille à la réalisation de ce nouvel instrument qui portera son nom, le saxophone, dont on situe l’invention en 1840, même si les premiers brevets déposés à Paris datent de 1846.

Dans son brevet, il indique qu’il a cherché un instrument qui obvie aux inconvénients de l’ophicléide, un instrument métallique à vent qui avait remplacé le serpent, mais dont le son est «d’une nature si désagréable qu’on est obligé de le bannir des salles fermées», et inversement de ceux du basson qui ne peut pas jouer fortissimo. Mais le basson «est le seul qui se marie avec les instruments à cordes…»

Il veut donc créer «un instrument qui, par le caractère de sa voix, pût se rapprocher des cordes, mais qui possédât plus de force et d’intensité que ces derniers».

Dès 1842, le compositeur français Hector Berlioz, qui avait pris connaissance de l’instrument, vante cette invention et compose la toute première œuvre avec saxophone, le Chant sacré pour sextuor à vent, créée à Paris le 3 février 1844.

Vers 1850, Sax avait fabriqué deux familles de saxophones, l’une en Do et en Fa pour orchestre symphonique, l’autre en Sib et Mib pour les musiques militaires. En 1845, dans le combat qui opposait Sax, novateur, à Carafa, traditionaliste, pour la réforme des musiques militaires – qualifié par le journal satirique Le Charivari de «bataille des Saxons et des Carafons» – Sax l’avait emporté.

Publicité

Derniers éloges

Avant sa mort, Adolphe Sax verra le saxophone entrer dans la composition de quelques grandes œuvres, L’Arlésienne de Bizet, Hérodiade de Massenet ou Les Noces de Prométhée de Saint-Saëns. Il décède à Parus le 7 février 1894, à 79 ans, et est inhumé au cimetière de Montmartre.

«Seul le saxophone pouvait donner de la tendresse, de la passion nuancée de réserve contenue.» (Georges Bizet)

«La voix du saxophone tient le milieu entre la voix des instruments en cuivre et celle des instruments en bois. Son principal mérite, selon moi, est dans la beauté variée de son accent, tantôt grave et calme, tantôt passionné, rêveur ou mélancolique.» (Hector Berlioz)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur