Il n’y a rien d’économiquement important au pôle Nord. Ni pétrole, ni gaz, ni même une petite île. À moins que le bureau du premier ministre canadien n’ait des informations sur le père Noël qui auraient échappé aux scientifiques.
Le pôle Nord, c’est un point sur une carte, et rien de plus, explique Heather Exner-Pirot, de l’Université de la Saskatchewan et directrice de l’annuel Arctic Yearbook.
C’est un point au milieu de l’océan, puisque l’Arctique est un océan, recouvert à cet endroit d’une couche de glace de 3 mètres d’épaisseur qui ne fond jamais, même en été. La terre la plus proche, l’île Kaffeklubben, est à 700 km de là, près du Groenland.
Quant aux réserves gazières et pétrolières de l’Arctique, aussi approximatives qu’en soient nos connaissances, les cartes dressées par les géologues les montrent immanquablement sous la forme de quatre ou cinq grandes taches, dont deux de part et d’autre du Groenland, une troisième au nord de l’Alaska et du Yukon, et une autre au nord de la Russie et de la Scandinavie.
Les extrémités les plus nordiques de ces bassins sont à des centaines de kilomètres du pôle.
C’est ce qui explique la surprise causée par de récents propos du ministre canadien des Affaires étrangères. Alors que le Canada déposait aux Nations Unies le rapport censé contenir les justifications scientifiques pour la portion qu’il réclame de l’océan arctique — comme la Russie et la Norvège l’ont déjà fait — le premier ministre aurait demandé à ses scientifiques de refaire leurs devoirs afin d’y inclure le pôle Nord.