Il faut rénover les Jeux olympiques

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Publié 28/02/2006 par Sylvio Le Blanc

Les Jeux olympiques étaient de retour dans les dernières semaines avec leurs étonnants athlètes. Mais combien parmi les millions de téléspectateurs fascinés savent que nombre d’entre eux vont hypothéquer leur santé et endurer pour longtemps de multiples maux articulaires et autres?

«Mens sana in corpore sano», dit la sage et séculaire formule. Beaucoup d’athlètes semblent néanmoins prêts à tout pour voir leur nom écrit en lettres d’or au panthéon des JO, quitte à écourter leur vie. Pour certains il y a le gros lot à gagner (trois millions de yens au Japon pour une médaille d’or), pour d’autres la possibilité d’une vie meilleure (comme ces athlètes qui profitent des compétitions pour fuir leur pays).

L’une des aberrations des JO, ce sont ces foutus records à battre, encore et toujours, et qui n’existaient pas du temps des Jeux antiques. Je pense que, tant qu’il y aura des records à battre, il y aura du dopage. De toute façon, les hommes et les femmes ne pourront indéfiniment aller plus vite, sauter plus haut… Ils ont atteint leurs limites. Battre un record aujourd’hui ne prouve qu’une chose en réalité: qu’un athlète a fait subir à son corps les pires traitements pour y arriver.

Il est à se demander si les humains qui établiront des records dans un futur proche seront normalement constitués. Y aura-t-il alors des Jeux pour les «normaux» et d’autres pour les «bioniques», les Jeux olymbioniques? Que cesse la surenchère! Aux oubliettes les records! Qu’on récompense les trois meilleurs concurrents à une compétition et qu’on gomme le reste. Il faut aux athlètes rester des hommes, et rappeler un peu ceci: la pratique d’un sport est chose plus importante que la victoire.

L’autre aberration des JO, c’est le regroupement des athlètes par pays d’appartenance. Ce que les pays veulent, c’est rapporter le maximum de médailles pour se faire bien voir à la face du monde, et, pour leurs dirigeants, se faire bien voir à la face du peuple. Rien de moins politique, quoi. Comme si rapporter beaucoup de médailles prouvait la force et la valeur d’un pays (la petite ex-Allemagne de l’Est est déjà arrivée première au classement des médailles). On veut rapprocher les pays, c’est le contraire qui se produit, chauvinisme aidant.

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Si on souhaite une fête sportive vraiment rassembleuse, je suggère qu’au début de chaque JO il y ait un tirage au sort. Tous les pays du globe, du plus pauvre au plus riche, du plus petit au plus grand, auraient chacun le même nombre d’athlètes sélectionnés de par le monde pour les représenter. Le temps des JO, le monde n’aurait plus de frontières, en quelque sorte.

Tous les changements nécessaires seront impossibles tant que le Comité international olympique (CIO), un organisme privé, existera dans sa forme actuelle. Car c’est l’argent qui motive cet organisme (Athènes aurait dû obtenir les JO de 1996 pour souligner le centième anniversaire de la résurrection des jeux modernes, mais c’est Atlanta, sise aux États-Unis, où les grosses affaires se brassent, qui les a obtenus) et aussi les cadeaux inestimables (souvenons-nous des deux gardes en terre cuite donnés par la Chine). Et il est maintenant établi que plusieurs des votes du CIO ont déjà été achetés (ce qui aurait permis à Salt Lake City de tenir ses JO).

Je ne vois qu’une organisation pour prendre le relais du CIO: les Nations unies. Peut-être verrions-nous alors le sport retrouver ses lettres de noblesse et une rotation équitable s’établir dans le choix des pays et des continents hôtes des JO.

Peut-être verrions-nous enfin l’Afrique accueillir les JO (un vrai scandale), car c’est chose due aux Africains et, en un certain sens, à tous les athlètes d’origine africaine, de Jesse Owens à Shani Davis. Et si les infrastructures nécessaires manquent dans un pays seul, il n’y a qu’à envisager que les JO se tiennent dans plus d’un pays en même temps (un regroupement soutenu financièrement par les pays riches). Ce serait une belle première!

Si l’Afrique déclare forfait, l’Amérique du Sud prendra la balle au bond, ou encore l’Asie du Sud-Est ou le Moyen-Orient. Comme les JO d’hiver doivent se tenir dans des pays où il fait froid (surtout des pays riches), il faudrait compenser avec les JO d’été. Finie la suprématie des pays riches.

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Pour finir, il est affligeant de constater aux JO de Turin que le français perd encore du terrain au profit de l’anglais. Pauvre Pierre de Coubertin, qui doit se retourner dans sa tombe. Une autre preuve que l’argent mène le monde.

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