Idéalement, Toronto devrait être couverte d’arbres à 40%

Plaidoyer pour les arbres du troisième âge

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Publié 15/12/2009 par Vincent Muller

«Les vieux arbres sont les plus bénéfiques pour l’environnement» expliquait l’arboriste Philip Van Wassenaer, invité par l’organisation LEAF, Local Enhancement and Appreciation of Forest, dans le cadre de sa célébration annuelle des «tree tenders», mercredi soir à l’hôtel Gladstone, rue Queen Ouest. LEAF, qui lutte pour la protection et l’amélioration de la forêt en milieu urbain, avait invité ce professionnel à s’exprimer devant les membres de différentes organisations actives dans le domaine de l’environnement.

L’organisation à but non-lucratif LEAF tente d’impliquer les Torontois dans la préservation de leur environnement en organisant de nombreuses activités allant de la visite guidée informative dans des lieux où se trouvent diverses variétés d’arbres, aux cours d’une quinzaine d’heures dispensés par des arboristes certifiés, en passant par des sessions de discussions éducatives et des ateliers sur les arbres.

L’organisation est également responsable de la plantation de nombreux arbres à Toronto dans divers parcs ainsi que dans les jardins des particuliers qui ont la possibilité d’assister à un programme leur permettant de connaître les type d’arbres les plus appropriés à leur propriété.

Et pour faire prendre conscience de la problématique des arbres en milieu urbain, rien de tel qu’un conférencier confronté à ces problèmes au quotidien. Philip Van Wassenaer, arboriste consultant, fondateur de Urban Forest Innovations Inc et de Urban Forest Innovative Solutions, est passionné par les arbres depuis son enfance.

Diplômé en sciences environnementales, titulaire d’un Master en Conservation des forêts avec une spécialisation dans la gestion des forêts urbaines, le conférencier a servi comme président puis comme directeur du Ontario Urban Forest Council (OUFC) entre 1997 et 2008.

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Spécialiste en ce qui concerne l’amélioration et la gestion des forêts urbaines il utilise des méthodes s-cientifiques pour déterminer notamment les risques que peuvent constituer les arbres mais aussi les risques qu’ils encourent.

Il met en place des plans de préservation, fait des inventaires ou contribue au développement de règlements ou d’arrêtés municipaux.

Avantages et défis à relever

Les avantages des arbres en milieu urbain sont nombreux, comme le rappelle l’arboriste, et leur rôle va bien au delà de simples considérations esthétiques:

«Ils améliorent la qualité de l’air, apportent des effets d’ombrage, valorisent les propriétés, absorbent une partie des eaux pluviales, contribuent à la conservation de l’énergie à la réduction du bruit au développement de l’habitat sauvage et apportent un bien-être physique et psychologique».

Suite à ce rappel, Philip Van Wassenaer ne tarde pas à préciser que les arbres remplissant le mieux ces fonctions sont les arbres les plus vieux: plus l’arbre vieillit, plus son feuillage est imposant, plus il est bénéfique.

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Et c’est sur ce stade de la vie de l’arbre qu’il a développé son intervention en faisant découvrir au public des spécimens plusieurs fois centenaires qu’il a découvert en sillonnant l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie afin de les étudier.

Exposant de nombreux clichés de ces arbres qui font partie de notre patrimoine, il a éclairé le public sur les enjeux et les difficultés de la préservation de ces monuments naturels.

Pour l’arboriste, il va de soit que de tels arbres, qui peuvent être «caractérisés par leur forme, leur couleur, leur rareté leur constitution génétique, ou par leur association à un personnage historique, une place, un événement ou une période», doivent être protégés et entretenus mais il met en évidence les défis que cela représente, notamment en milieu urbain.

Ces arbres ont besoin d’un certain espace pour se développer non seulement pour le branchage mais également pour les racines et les constructions ou les pavés posent souvent problème.

Ils peuvent aussi faire peur au voisinage qui les soupçonne de pouvoir tomber facilement lors d’une tempête.

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«Ces préjugés sont faux, ces vieux arbres ayant une large base sont en général plus solides» affirme le spécialiste.

On apprend également que le processus de vieillissement engendre un rétrécissement de l’arbre et souvent aussi la création de creux parfois énormes à l’intérieur des troncs, faisant souvent craindre une fragilisation de l’arbre.

«C’est une erreur, même si le tronc est creux, la base est toujours large et ces arbres sont même plus résistants au vent que de jeunes arbres» continue-t-il.

Entretien régulier nécessaire

Pour lui, si ces arbres sont entretenus, élagués quand il le faut pour diminuer la prise au vent, ils comportent peu de danger. Par ailleurs, il faut également surveiller particulièrement leur état de santé et les maladies qu’ils peuvent développer.

«Dans plusieurs pays d’Europe ces arbres sont très bien protégés et entretenus. Les Nord-Américains vont plus facilement les couper. Ici on a l’impression que les ressources sont illimitées alors qu’en Europe on cherche plus à conserver le patrimoine», avouait l’arboriste à L’Express.

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«À Toronto beaucoup de ces vieux arbres sont en déclin, d’ici une quinzaine d’année beaucoup vont disparaître, quand aux nouveaux développements immobiliers, malheureusement ils n’accordent pas beaucoup d’importance aux arbres», regrette Philip Van Wassenaer.

Selon lui pour améliorer cela, «il faut une réelle volonté politique mais le problème est que la municipalité, qui est la seule à gérer la question, fait face à de nombreux obstacles, notamment au niveau du budget.»

L’arboriste considère que Toronto, couverte d’arbres à environ 18 %, est une ville relativement verte mais ajoute que l’idéal serait d’«arriver à une couverture à 40% dans la mesure où la densité de population y est presque aussi importante que dans les villes européennes».

À l’issue de son intervention, il n’a pas manqué de rappeler aux organisations présentes ce soir là, l’importance de leur rôle en matière d’éducation et de mobilisation des communautés, afin de contribuer à la préservation et à l’augmentation d’espaces arborés dans la Ville-Reine.
www.leaftoronto.org

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