Comment voulez-vous gouvernerun pays qui a 365 sortes de fromages?»– De Gaulle
J’ai horreur du fromage. Une vieille histoire freudienne d’amour avec Alphonsine, une bonne que j’adorais. Et c’était réciproque.
Elle avait vingt ans et moi deux. J’étais encore tout bébé et elle époussetait les meubles de la maison en me portant accroché à son cou. Comme elle détestait le fromage, me persuader que c’était quelque chose de dégoûtant lui fut facile.
En général, ça sent mauvais et ça dégouline affreusement. Ma mère se disait qu’Alphonsine ne resterait pas très longtemps à la maison. On me redonnerait facilement le goût du camembert et autres délices du genre, après son départ. Mais elle s’obstina à rester une vingtaine d’années.
Il était trop tard pour me faire passer cette sorte d’allergie amoureuse au fromage. Je l’ai regretté bien des fois car «Comment peut-on être Français sans cela?»
J’ai beau dire que je me rattrape sur le vin, ça ne suffit pas à m’absoudre aux yeux des gourmets. Daniel Soha prétend qu’il y a deux sortes de Français, les bons, qui aiment le fromage, et les mauvais, comme lui, qui ne l’aiment pas.