Une Cour française vient de poser un geste historique. Le Tribunal de grande instance de Paris ouvre la première enquête préliminaire sur un homicide involontaire, causé par une exposition professionnelle à un fongicide cancérigène utilisée en viticulture, l’arsénite de sodium. De quoi faire trembler les vignes, les entreprises phytosanitaires et même l’État français si un procès au pénal a lieu.
Ce jalon posé dans l’histoire juridique française, c’est l’œuvre de la bordelaise Valérie Murat. De sa plainte portée contre X à la suite de la mort en 2012 de son père viticulteur.
Quarante ans à travailler les vignes et à appliquer 3 à 5 fois par an des fongicides contenant de l’arsénite de sodium. Cette exposition chronique lui a causé un cancer du poumon reconnu comme maladie professionnelle en 2011, le lien entre sa tumeur cancéreuse et l’utilisation du produit étant clairement établi.
Rappelons que l’arsénite de sodium n’est pas un enfant de chœur. Reconnu dangereux en 1955 par l’État français, il sera finalement interdit d’utilisation en viticulture en novembre 2001.
Étonnamment, les agriculteurs français ne pouvaient, déjà, plus s’offrir ses services cancérigènes depuis 1973! Non pas que les vignerons soient immunisés, mais il semble que ce soit le seul produit capable de protéger le bois des ceps de vigne de l’attaque de l’Esca, un champignon.