Hollywood rétrécit ses héros

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Publié 19/05/2009 par Sylvio Le Blanc

À Hollywood, les héros ont longtemps été personnifiés par des acteurs au physique imposant: Gary Cooper, Clark Gable, Victor Mature, Gregory Peck, Burt Lancaster, Robert Mitchum, Rock Hudson, Sidney Poitier, Marlon Brando, Christopher Reeves, pour n’en nommer que quelques-uns. Un homme affrontant les plus grandes difficultés ne pouvait être joué par un acteur au physique moyen. Les spectateurs ont longtemps réclamé que leur héros sorte de l’ordinaire, qu’il soit plus fort qu’eux. Vouloir lui ressembler, c’était vouloir devenir meilleur.
 
En 1977, dans le premier film de sa série Star Wars, le réalisateur George Lucas a cru que Mark Hamill, un acteur à l’air juvénile et à la taille moyenne, ferait l’affaire. Erreur: les spectateurs l’ont boudé et n’en ont eu que pour l’adulte et costaud Harrison Ford (qui est revenu en force dans les suites).

En 1989, pour son Batman, Tim Burton a imposé un clone de Hamill: Michael Keaton. Profonde déception chez nombre de fans: comment pouvait-on faire ressembler un redresseur de torts de la trempe de Batman à une demi-portion comme Keaton?

N’empêche, tranquillement, la formule a fait son chemin. Aujourd’hui, les héros sont plus petits et plus juvéniles que jamais. L’exemple parfait est Tobey Maguire, l’acteur qui tient le rôle principal dans les trois Spider-Man. Après un repas bien arrosé, il doit peser maximum dans les 130 livres (son gabarit est tel qu’on lui a fait tenir le rôle d’un jockey).

Harrison Ford a fait l’année dernière un énième Indiana Jones. On aurait pu s’attendre à ce que l’acteur personnifiant son fils majeur (Shia LaBeouf) lui ressemble. Mais non, il fait la moitié de son poids. C’est le comble avec le dernier Star Trek. Chris Pine et Zachary Quinto, qui tiennent respectivement les rôles de Kirk et de Spock, sont des modèles réduits des plus célèbres interprètes des mêmes rôles: le Montréalais d’origine William Shatner et Leonard Nimoy. Pine semble ridiculement petit dans son immense siège de pilote de l’Enterprise. Dans ce film, il est curieux que ce soient les mauvais de service –  Eric Bana en tête – qui en imposent par leur physique, comme s’il fallait craindre maintenant les baraqués.

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En rétrécissant ses héros, Hollywood lance le message suivant à son jeune public: devenir le meilleur ne demande pas un effort particulier; c’est à la portée de tout un chacun. Voilà qui est inspirant.

Non seulement les héros rétrécissent, mais aussi les dialogues, par leur qualité. À travers ceux des films d’action solides d’autrefois perçait la solide culture des scénaristes. Mais ceux d’aujourd’hui, pour la plupart, sont d’une pauvreté et d’une banalité consternantes, reflets d’une pauvre et banale époque. 

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