Un groupe d’enfants, arrêté en plein milieu du passage, s’égosille dans le corridor d’un hôtel torontois. Leur présence bruyante contraste avec le caractère formel de l’endroit, sa clientèle d’hommes d’affaires occupés à étudier leurs documents de travail dans des fauteuils moelleux. C’est dans ce cadre feutré et élégant qu’a lieu la rencontre avec l’acteur québécois Luc Picard, venu présenter à Toronto, au festival Cinéfranco, son film L’Audition, grand succès du box-office québécois.
Les cris des enfants continuent de plus belle et la publiciste se propose d’aller les calmer. «Non, non, ils ne me dérangent pas.» Luc Picard aime les enfants, ça ne fait pas de doute. Il couve le groupe d’un regard bienveillant, amusé de les voir ainsi piailler gaiement.
Quand son petit garçon Henri est venu au monde, l’acteur québécois a lui aussi ressenti intensément la joie d’être papa, un bouillonnement intérieur, «toutes ces choses-là qui arrivent en même temps», dit-il.
Ces choses comme il les nomme – déferlante d’émotions contradictoires et simultanées – Luc Picard a décidé de les capturer dans une lettre. Le but avoué de cette missive? Un testament précoce, sous forme de confidence intime, pour que son fils n’oublie pas, qu’il conserve ses yeux d’enfant, ce regard émerveillé et admiratif à chaque instant que la vie lui tend.
«Ma lettre expliquait pourquoi il était important de rester fidèle à son enfance, justifie Luc Picard. Je me suis dit, ce que j’ai ressenti à cet instant précis, je serais mieux de l’écrire, comme ça, mon fils pourra le lire plus tard, quand il sera grand et il saura exactement mes sentiments pour lui», ajoute l’acteur.