Histoire de vacances bilingues

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Publié 23/08/2010 par Réjean Beaulieu

Le Commissaire aux langues officielles nous demande «Avez-vous eu la chance de pratiquer votre langue seconde en voyage cet été?», sous «Racontez vos histoires de vacances» dans son dernier bulletin Au-delà des mots.

Vivant depuis fort longtemps dans le milieu fort minoritaire de l’Ouest canadien, j’éprouve souvent de grandes difficultés à déterminer quelle est ma langue «seconde». J’éprouve encore plus de difficultés à pratiquer ma langue maternelle, i.e. le français. But please read on… Un récent voyage en Acadie m’a toutefois agréablement surpris. Angélina, une gracieuse hôtesse des lieux, m’apprenait par exemple son utilisation du «hello» avec léger accent franco tel que «allo» (traînant le «a») plutôt que le lourd «hello/bonjour» afin d’initier un échange préférablement en français.

Jean-Marie, un autre excellent hôte des lieux, me montrait comment gentiment demander à la serveuse des menus en français au Saint-James pub de Moncton lorsque des menus en anglais nous sont présentés par erreur.

Arroseur arrosé, je me suis bien sûr fait prendre lorsque mon pilote automatique matinal de l’Ouest canadien engageait le «good morning» pour me faire répondre dans la même langue alors que tout le personnel du Château Moncton partageait vraisemblablement la même langue maternelle que la mienne, bien qu’ils s’exprimaient impeccablement en anglais…

Le dernier matin venu, j’avais donc demandé un taxi pour l’aéroport en m’assurant dans les pages jaunes que la compagnie offre le service «bilingue». J’avais téléphoné la veille au soir en français.

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Le chauffeur se présente le lendemain tel que prévu et j’entonne fièrement le «bonjour» à la dite heure pour me faire répondre par le chauffeur «I am sorry, I do not speak French».

Un peu surpris, sinon désappointé, je m’asseois sur la banquette avant et interroge le chauffeur sur la province dite bilingue. Il me répond qu’il aurait fallu que je demande expressément un «French speaking chauffeur.

Après le silence prolongé d’un non-dit, je réalise l’accent «Newfie» de l’échange antérieur et lui demande en anglais d’où vient-il pour ne pas être capable de répondre à un simple bonjour d’un client. Il m’explique que même s’il le pouvait il ne pourrait continuer la conversation. Il ajoute être natif de «Stephenville, Newfoundland» et qu’une langue doit être apprise et pratiquée lorsqu’on est jeune.

Or je connaissais Stephenville d’un voyage antérieur ainsi que les alentours de la péninsule jadis francophone de Port au Port. Stephenville avait servi de base militaire pour les Américains et avait fortement contribué à l’anglicisation de l’Ouest terreneuvien.

Le chauffeur de taxi se met à me raconter que ses parents étaient francophones mais avaient interdit l’usage du français à la maison pour leurs enfants, question de leur assurer un «meilleur avenir».

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Gabriel aurait probablement été d’accord si je lui avais dit que le français mériterait une meilleure promotion parmi ses locuteurs, plutôt que le «bilinguisme», ce que je me suis efforcé de faire ce matin-là dans mon rôle de modeste ambassadeur de la francophonie des Amériques. Nous nous sommes très bien compris malgré tout!

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