Histoire de billots

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Publié 25/09/2008 par Isabelle Burgun (Agence Science-Presse)

Pour retracer l’histoire bicentenaire de la forêt du Bas-Saint-Laurent, un jeune chercheur a eu l’étrange idée de faire parler le bois dravé. « Il nous fallait trouver une méthode alternative, car les vieux inventaires forestiers ne remontaient pas à aussi loin », explique l’étudiant au doctorat en sciences de l’environnement à l’UQAR.

Cette méthode originale lui a permis de reconstituer l’historique d’exploitation forestière dès le début du 19e siècle. Il a déniché dans un méandre, en aval du bassin versant de la rivière Rimouski, un site de billots de bois dravés. Tels les draveurs d’autrefois, Yan Boucher et son collègue ont ramené vers la rive le bois flottant à l’aide de crochets.

En récoltant un échantillon de bois à la base de chaque billot, ils ont pu déterminer son espèce, son âge, son année de coupe et son patron de croissance. « Nous avons pu dater et identifier près de 700 billots. Ce qui nous donne une bonne représentation de l’exploitation forestière entre 1800 et 1900 », soutient l’étudiant.

L’exploitation forestière, vieille dans cette région d’environ 200 ans, témoigne d’une grande variété d’arbres d’essence noble, comme le pin rouge ou le cèdre blanc. Ces arbres à grand diamètre, plusieurs fois centenaires, étaient particulièrement recherchés à cette époque pour la construction. Le Blocus de la Mer Baltique par Napoléon avait poussé les Britanniques à exploiter intensivement les forêts des colonies. La position du Québec, avec son couloir maritime, était particulièrement favorable.

Cette forêt du Bas-Saint-Laurent était aussi principalement constituée de conifères. « Comme aujourd’hui, l’espèce dominante était le sapin baumier, mais son visage a changé. On constate un “enfeuillement” de la forêt par l’érable et le tremble, des essences plus agressives », relève le jeune chercheur.

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Il a également plongé dans le gigantesque fond d’archives de la compagnie Price (Abitibi-Bowater) pour retracer l’histoire de l’exploitation au 20e siècle. Les cartes, photographies et actes notariés lui ont permis de documenter les caractéristiques et les peuplements des forêts à partir de 1930.

Connaître la « portrait » de ces vieilles forêts permettra aux responsables d’aménagement forestier d’adopter une gestion écosystémique de la forêt du Bas-Saint-Laurent. Bien plus proche de l’essence de cette forêt. « Nous n’avons plus de témoins sur le terrain de cette époque», explique le jeune gestionnaire forestier. Seuls les vielles cartes et le bois dravé témoignent encore de l’époque ancienne.

La dynamique de la forêt du Bas-Saint-Laurent depuis le début de l’exploitation forestière (1820-2000), une thèse de Yan Boucher de l’UQAR, septembre 2008.

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