Depuis un mois et demi, le Chelsea Room accueille un DJ francophone tous les mercredis. Pierre-Yves Lahey, DJ Lyps pour les intimes, fait le tour de la scène hip-hop francophone internationale de 21h à minuit. Une programmation unique dans le grand Toronto, qui tranche avec les sonorités commerciales et branchées des bars et boites de Queen ouest ou de Richmond/Adélaïde.
DJ Lyps n’est pour le moment qu’un épiphénomène méconnu à Toronto. Le parcours du jeune homme – il n’a que 25 ans – est pourtant déjà bien fourni. Avant de débarquer dans la Ville-Reine, le natif de Québec avait déjà fait tourner les platines dans les milieux underground de la province francophone. Comme il s’en souvient aujourd’hui, «ca fonctionnait plutot pas mal, et DJ Lyps était un artiste qui avait fait son trou, notamment à Montréal».
Il y a un peu plus d’un an, Pierre-Yves a subitement décidé de tourner le dos à Montréal, qu’il avait investi quelques années plus tôt. Un choix complexe à gérer mais nécessaire selon lui: «À la base, j’étais bien à Montréal. Mais divers événements familiaux ont modifié la donne. Et lorsque mon appartement a brûlé, j’ai tout perdu. J’avais besoin de tourner la page.»
Après avoir traversé le pays et occupé divers emplois notamment dans la région de Vancouver, il a débarqué à Toronto en mai dernier avec son projet de mix francophone: «Ici, les gens sont pour la plupart anglophones et le son hip-hop qui est régulièrement joué est le même que celui qui passe sur les radios. Du bon gros rap anglo dont les textes sont bien souvent limités. La scène hip-hop francophone est complètement différente, avec des textes beaucoup plus ciselés et souvent plus efficaces.»
Pendant ses trois heures hebdomadaires – un minimum, fonction de l’ambiance – DJ Lyps distille des sons aussi bien en provenance du Québec que de la France ou même de la Belgique. Des artistes underground cotoîent le temps d’une soirée des groupes plus confirmés comme IAM ou la Fonky Family.