Selon l’écrivain Paul-François Sylvestre, s’il y avait un «Temple de la renommée franco-ontarienne», plusieurs personnalités torontoises mériteraient d’y figurer. Données historiques et profils biographiques à l’appui, c’est ce qu’il a soutenu lors d’une conférence prononcée le 8 novembre aux Centres d’Accueil Héri-tage.
Rares sont les institutions torontoises qui rendent hommage à de grands noms de notre histoire. C’est le cas des écoles secondaires Étienne-Brûlé et Mgr-de-Charbonnel. Interprète auprès de Samuel de Champlain, le jeune Étienne Brûlé a été le premier Blanc à contempler les Grands Lacs. Quant à François-Armand-Marie de Charbonnel, il a été le deuxième évêque de Toronto, de 1850 à 1860. C’est lui qui a installé le chemin de la Croix dans la cathédrale St. Michael’s; les stations sont importées de France et les inscriptions sont en français seulement.
M. Sylvestre trouve dommage qu’aucune rue ou institution de Toronto porte le nom de Jean-Baptiste Rousseaux, entrepreneur établi à York vers 1770. C’est lui, un Canadien-français, qui accueille le gouverneur du Haut-Canada, John Graves Simcoe, et son épouse, et qui leur offre un gîte. Il ouvre un magasin général, une auberge et une forge. «Pourquoi appeler une école Collège français alors qu’on pourrait la baptiser École secondaire Jean-Baptiste-Rousseaux?», se demande le conférencier-écrivain.
Un des plus grands chefs de file dans l’histoire de l’Ontario français est né à Toronto le 15 septembre 1860. Plusieurs ignorent cela parce que Napoléon-Antoine Belcourt est un avocat qui s’est établi à Ottawa et qui s’est fait élire député à la Chambre des communes, dont il est devenu le président en 1904. Nommé sénateur en 1907 et élu premier président de l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario en 1910, Belcourt défendit la cause des écoles bilingues de l’Ontario devant le Conseil privé de Londres et joua un rôle clef au sein de la Unity League qui réussit à rallier l’opinion anglaise autour de la cause franco-ontarienne.