Conversations sur les paradis fiscaux, le travail au noir ou l’évasion fiscale, le mois de mars était aussi celui de la prévention de la fraude. Le campus de Longueuil de l’Université Sherbrooke accueillait récemment des chasseurs de fraude à la 4e édition du colloque annuel sur la prévention de la fraude. Messaoud Abda, directeur du programme de lutte contre la criminalité financière de l’Université de Sherbrooke et organisateur de l’événement, lève le voile sur les dessous d’un fléau familier.
Agence Science-Presse (ASP) — Lorsqu’on parle de fraude, de quoi parle-t-on exactement?
Messaoud Abda (MA) — L’élément-clé est l’abus de confiance. La fraude consiste à utiliser son poste pour commettre un acte criminel en brisant le lien de confiance avec l’employeur ou la victime.
Lorsqu’on parle d’abus de confiance, il n’y a qu’à penser à l’affaire Norbourg et ailleurs celle d’Earl Jones ou encore les anciens dirigeants de Nortel Networks.
ASP — Est-ce qu’il y a un portrait type du fraudeur?
MA — La fraude n’est pas innée. Les fraudeurs saisissent une opportunité. Ça peut être n’importe qui. On ne les voit pas venir, car pour la plupart, il s’agit de la 1re fois. Il y a seulement 5% de récidivistes.
Le fraudeur est aussi déconnecté de la réalité prétendant qu’il n’avait pas le choix d’agir: l’appât du gain, les dettes, la pauvreté, les problèmes de santé sont autant de raisons qui poussent une personne à commettre une fraude.
Sans parler des intermédiaires, on n’en parle jamais, mais c’est un élément important: le complice qui fait le lien entre le fraudeur et la victime.
ASP — Parlez-nous du camp d’en face, les «chasseurs de fraude» et les moyens de lutte contre ces crimes…
MA — Il y a les avocats, les financiers, les administrateurs, les policiers, les conseillers en stratégie financière, etc. Le fraudeur se trahira souvent par son comportement, avec des achats et un niveau de vie suspect. Les signes de richesse extérieure et les dépenses nous permettent de faire du profilage. Il y a aussi le contrôle interne, la vérification de la signature, des documents originaux.