Il n’y a pas que les politiciens qui parlent de réformer le capitalisme. Pour un nombre croissant d’experts, réformer le capitalisme est la seule façon de sauver… la Terre. Engloutir d’autres centaines de milliards de dollars n’est pas la solution.
Sous le titre sombre «Comment notre économie tue la Terre», le New Scientist lance un «halte à la croissance» en des termes plus savants et plus élaborés que l’appel du même nom, il y a des décennies.
Sa démonstration, diront les écologistes, relève du gros bon sens: la consommation de ressources de notre planète augmente plus vite que ce que la planète peut supporter. Cela ne peut donc pas continuer indéfiniment.
Sauf qu’alors que le discours écologiste propose traditionnellement de réduire nos émissions de CO2 ou d’adopter un mode de vie plus durable, ce sont là des efforts futiles, disent de plus en plus d’experts de divers milieux (dont d’autres écologistes). Aussi longtemps que notre système économique sera fondé sur le dogme d’une croissance perpétuelle, nous serons condamnés. «La croissance est, pour la plupart des économistes, aussi essentielle que l’air que nous respirons», ironise le journaliste du New Scientist, et c’est de ce dogme dont il faut se départir, si nous voulons vraiment sauvegarder notre planète. Il est temps de bannir le dieu de la croissance, renchérit l’éditorial.
Parmi ces experts, Herman Daly, le père de l’enviro-économie, Gus Speth, qui fut conseiller à l’environnement du président américain Jimmy Carter (un conseiller à l’environnement à la Maison-Blanche dans les années 1970!) ou l’économiste britannique Andrew Simms qui s’en prend à un mythe: celui selon lequel la croissance serait la seule façon d’éliminer la pauvreté.
Considérez, écrivait ce dernier dans The Guardian, «qu’il a fallu aux États-Unis et à la Grande-Bretagne seulement une semaine pour laisser tomber des décennies de pratiques économiques bien établies afin de sauver le système financier… Nous devrions nous demander pourquoi il faut plus de temps pour sauver la planète de son réchauffement galopant.»