À peine arrivée à Guiyu, municipalité du sud de la Chine, je sens le poison. Dans ce village de 200 000 habitants, l’air tropical du sud ne berce pas. Il frappe. Partout autour de moi, des débris jonchent le sol. Avec des noms connus: Epson, HP, Dell, Microsoft, Nokia…
Je suis au milieu d’un village chinois enseveli sous les déchets électroniques, des déchets de chez nous… Selon la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, un produit toxique a le potentiel d’affecter la santé lorsque sa présence est suffisante dans l’environnement pour causer des effets.
Par cette définition, les déchets électroniques ne sont pas considérés comme toxiques. Le Canada exporte des conteneurs remplis d’ordinateurs et de téléphones cellulaires désuets en toute légalité. D’ici 2010, les foyers et les entreprises du Canada auront produit plus de 400 000 tonnes de ces déchets.
Respirer à s’empoisonner
Les toxicologues s’intéressent aux records mondiaux de Guiyu, devenu un laboratoire à ciel ouvert. Les cours à l’école du village doivent parfois être suspendus, quand l’odeur devient insupportable.
Selon la revue Environmental Science and Technology, le taux de plomb et de cuivre sur les routes autour de Guiyu atteint un sommet: 300 fois plus élevé que le site contrôle à 8 km du village. L’air rend malade, ça ne fait aucun doute. Deux heures après notre arrivée, mon interprète et moi souffrons d’une sévère migraine et de nausées.