Gris, la couleur de l’évolution

Premier album en français de Cécile Doo-Kingué

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Publié 23/10/2012 par Guillaume Garcia

D’origine camerounaise, née à New-York, Cécile Doo-Kingué a grandi dans la Grosse pomme avant de passer du temps en France et de se faire adopter par le Québec. Au moment de composer son premier album en français, ce sont tous ces souvenirs qui influencent la chanteuse et guitariste. Après Freedom Calling en 2010, Cécile Doo-Kingué nous dévoile Gris, son tout premier album en français, mélange de soul, blues et de folk.

Lancé début octobre à Montréal et Sudbury, l’album Gris nous plonge dans un univers complexe ou la critique et la mise en perspective sont de rigueur.

Dès le début, on est frappé de plein fouet par l’agressivité de la première chanson Aunt Jemima, on se demande ce que Cécile Doo-Kingué a bien voulu à travers cette chanson.

L’inexistence du dialogue

Posées sur des riffs blues accrocheurs et sombres, les paroles décrivent le manque mélange entre les personnes d’origine différentes, ce qui les amène à véhiculer des clichés malgré elles.

Aunt Jemima (une marque de biscuits qui utilise comme visuelle une femme noire) représente le gentil noir, l’esclave sympa et c’est ce à quoi Cécile Doo-Kingué a été comparée à la sortie d’un de ses concerts au Québec.

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«Quelqu’un est venu me voir et m’a dit que je lui faisais penser à Aunt Jemima. Comment je suis sensée le prendre, en plus je suis née aux États-Unis. En tant que minorité visible il y a toujours une rencontre de cultures avec les autres. C’est étonnant le nombre de gens qui n’ont jamais d’interaction avec des personnes des minorités visibles.»

Guitariste depuis l’âge de 12-13 ans, Cécile Doo-Kingué a appris cet instrument avec son frère, qui lui a «refilé» une de ses vieilles guitares et l’a initiée au blues.

«Ça a tout de suite été une symbiose. Bien sûr j’ai eu mal aux doigts, mais j’ai continué pour la mater», s’amuse-t-elle. Depuis, elle a joué pour Manu Dibango et Youssou N’Dour, entre autres.

Au moment de composer une chanson, Cécile Doo-Kingué doit rajouter les textes aux accords de guitare, mais cela ne se passe pas toujours dans le sens que l’on croit. «Parfois c’est le texte qui vient en premier, parfois c’est la guitare. C’est sûr que dans l’ensemble l’écriture demande plus d’efforts. Les textes sont toujours plus durs à finir que la musique.»

Le changement au fil des ans

Le tout en sachant que l’influence majeure de Cécile Doo-Kingué, c’est le blues et rien d’autre. Alors, comment écrire du blues en français? Beaucoup s’y sont cassé les dents.

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«L’anglais est une langue plus rapide, plus charcutée. En français il fallait trouver une rythmique particulière.»

Intitulé Gris, son nouvel album représente le temps qui passe pour la chanteuse-guitariste.

«À 37 ans, c’est au niveau où je suis. Beaucoup de choses que je voyais d’une certaine manière ont changé. C’est la couleur de l’évolution. On est à la fois ange et démon. Il y a des remises en question qui t’obligent à te rencontrer et te montrent que tu n’es pas tout noir ni tout blanc.»

On pourrait parler de toutes les chansons, mais pourquoi ne pas s’attarder sur la magnifique Invitation au voyage, duo féminin avec sa compagne Tricia Foster.

À deux, elles interprètent de façon grandiose une chanson écrite par Cécile et qu’elle aurait pu chanter seule, mais «ça avait du sens de la chanter avec Tricia», souligne Cécile Doo-Kingué. À la guitare acoustique, ce petit folk au coin du feu nous plonge dans les méandres du désir et l’on en ressort dégoulinant de sueur.

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«Je voulais faire un duo de filles, ou de gars d’ailleurs, c’est assez cliché les duos hommes femmes.»

Loin des clichés, Cécile Doo-Kingué poursuit son chemin sans chercher à plaire à tout prix et cela semble plutôt bien lui réussir. Gris est sorti début octobre et le prochain album, en anglais de Cécile Doo-Kingué devrait arriver en 2013.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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