Grande marche à Tunis contre la violence religieuse

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Publié 29/01/2012 par Bouazza Ben Bouazza (The Associated Press)

à 10h56 HNE, le 28 janvier 2012.

TUNISIA, Tunisia – Des milliers de Tunisiennes et de Tunisiens ont participé samedi à une marche au centre de Tunis pour « défendre les libertés et les droits de l’Homme » et « dénoncer la violence » imputée à des groupes islamistes radicaux, a-t-on constaté sur place.

À l’appel de partis d’opposition, dont le Parti démocratique progressiste (PDP) et le Pôle démocratique moderniste (PDM) et de nombreuses ONG, la manifestation a rassemblé entre 8000 et 10 000 personnes mobilisées pour « faire front commun contre le fanatisme », selon une pancarte brandie par des femmes présentes en grand nombre.

C’est le premier rassemblement de la société civile d’une telle ampleur depuis les élections d’octobre dernier remportées par le mouvement islamiste Ennahdha, près d’un an après la chute du régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali.

Il intervient à la suite de plusieurs incidents mettant en cause des éléments extrémistes. Communément qualifiés de « salafistes », ces groupes ont violemment agressé ces dernières semaines des femmes universitaires, des journalistes, des avocats et autres intellectuels. Certains ont entravé la marche de facultés pour tenter d’imposer l’accès d’étudiantes portant le niqab, un voile islamique intégral, alors que celui-ci est interdit par les conseils scientifiques de ces établissements universitaires.

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« La Tunisie est libre. Non au terrorisme, non à la régression », « Nous sommes venus à bout du totalitarisme et nous n’accepterons pas qu’il revienne », pouvait-on lire sur certaines pancartes.

La patronne du PDP, Maya Jribi, a justifié sa présence par la lutte qu’elle mène « pour une Tunisie tolérante et plurielle où la citoyenneté est respectée face aux appels au meurtre qu’on entend ces derniers temps ».

« Je suis venue dénoncer la violence et dire au gouvernement qu’il assume ses responsabilités en appliquant la loi contre ceux qui la violent », a confié Aïcha Naboltane, 29 ans, cadre dans une banque. Ridha Balegh, la cinquantaine, a dit avoir fait le déplacement de Paris « spécialement pour défendre la liberté des Tunisiens, quelles que soient leurs opinions ou leur religion contre la violence et l’obscurantisme ».

« Aujourd’hui, les libertés sont menacées en Tunisie et il est important que le peuple se mobilise pour mettre un terme à la violence. Ce n’est pas avec la violence qu’on va pouvoir venir à bout des vrais défis que sont le chômage et la dénuement », a estimé le ministre de l’Emploi et de la Formation dans le cabinet sortant, Saïd Aïdi.

Et le dirigeant du PDM, Samir Ben Taïeb de renchérir: « S’il y a quelque chose qui représente un danger pour la transition démocratique, c’est bien la violence ». Et d’attribuer celle-ci « aux courants salafistes » en reprochant à Ennahdha son « inertie ».

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Partie de la Place des droits de l’Homme, la marche a emprunté un parcours de près de trois kilomètres en plein centre de Tunis, en traversant l’avenue Bourguiba, la principale artère de la capitale. Minutieusement encadrée par les organisateurs appuyés par un service d’ordre plutôt discret, la manifestation s’est déroulée sans incident malgré un attroupement de quelques centaines de manifestants islamistes près du ministère de l’Intérieur et qui ont été tenus à distance par la police.

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