Graham Fraser défend les subventions aux anglophones du Québec

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Publié 07/08/2012 par l-express.ca

Le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, s’est dit déçu de voir la réaction de «plusieurs politiciens provinciaux et fédéraux» (néo-démocrates, bloquistes et péquistes, pour ne pas les nommer) à l’annonce des subventions appuyant des projets des communautés anglophones du Québec.

Dans une lettre ouverte adressée à plusieurs médias le 20 juillet, M. Fraser conteste leur prémisse selon laquelle les groupes bénéficiaires de ces subventions sont voués à la promotion de l’anglais aux dépens du français.

Cela semble démontrer «une incompréhension profonde de la réalité des communautés minoritaires anglophones du Québec», écrit-il.

«Il existe une différence fondamentale entre la montée incontestable de l’anglais, une langue internationale de communication utilisée par l’industrie, le commerce, les chercheurs et les touristes, et les besoins très réels des gens faisant partie des communautés anglophones du Québec. En effet, il n’est pas rare d’entendre les leaders de ces communautés souligner que l’anglais n’est pas menacé au Québec, mais que les communautés anglophones le sont.»

Le commissaire estime que le poète et ancien député péquiste Gérald Godin «avait bien compris cette distinction», indiquant que la communauté anglophone minoritaire ne représentait aucune menace pour le français. «Selon lui, la pression venait d’ailleurs. Après trois décennies, l’impact de la mondialisation démontre à quel point il avait raison.»

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«Au milieu des années 1960», rappelle M. Fraser, «il était de bon ton au Québec de dire que la communauté anglophone n’avait pas besoin d’une représentation communautaire, car elle pouvait compter sur ses défenseurs, soit la Banque de Montréal, Sun Life, The Montreal Star, et d’autres institutions issues du milieu des affaires. Or, la Banque de Montréal est devenue BMO pour mieux faire affaire aux États-Unis, Sun Life est déménagé à Toronto, et The Montreal Star s’est éteint en 1979.»

«Depuis cette époque, la communauté anglophone s’est transformée et, tout comme le Québec, elle s’est diversifiée. Elle est devenue bilingue à 60 p. 100; une proportion équivalente à celle des francophones bilingues du Québec. Les jeunes âgés de 18 et 34 ans sont bilingues à 80 p. 100.»

M. Fraser constate cependant que «l’image qu’ont les francophones de leurs concitoyens anglophones est figée dans le temps et que les gains de la communauté anglophone sont trop souvent perçus comme une perte pour le français au Québec», ce qui n’est pas le cas selon lui.

«En Gaspésie, à Québec et Sherbrooke, il est difficile d’avoir accès à des services de santé en anglais, malgré les principes énoncés dans la Charte de la langue française, les garanties législatives du Québec, les efforts déployés par le gouvernement québécois et la bonne volonté des préposés dans les hôpitaux. Et les défis s’étendent bien au-delà des soins de santé.»

Or, les groupes anglophones ciblés par les subventions en question œuvrent presque tous à l’extérieur de la métropole. «Le Quebec Community Groups Network a beau avoir son bureau à Montréal, il s’agit un réseau d’organisations communautaires réparties à travers le Québec qui inclut notamment des groupes travaillant dans le secteur de la santé. Quelle menace ce réseau représente-t-il pour le français?», demande le commissaire.

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«Croit-on vraiment que le English Language Arts Network, le Youth Employment Services Foundation, le Quebec Community Newspapers Association, le Quebec Drama Federation, la Quebec Farmers’ Association et le African Canadian Development and Prevention Network sont des organisations anti-francophones qui militent en faveur de la suprématie de l’anglais sur la société québécoise?»

«Au contraire, ce sont des organisations qui travaillent pour le bien-être de leur communauté et pour le bien-être du Québec par le fait même. Plusieurs d’entre elles ont réussi à tisser des liens de collaboration et à établir des ponts avec la population francophone et les organismes poursuivant des objectifs communs. Elles méritent respect et appui.»

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