Généalogie : un blogue original sous la forme d’un abécédaire

Dominique Guillaumant à la rencontre de ses ancêtres

Dominique Guillaumant, Abécédaire de mes ancêtres, généalogie
En page d'accueil du blogue de Dominique Guillaumant.
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Publié 14/09/2021 par Camille Margerit

Quand son neveu lui demande de lui expliquer qui sont ces deux personnes de leur famille qui se marient, Dominique Guillaumant ressort de son tiroir un arbre généalogique. Une cousine le lui avait offert quelques années plus tôt, mais elle l’avait rangé et un peu oublié.

Cette fois-ci lui naît l’envie de construire son propre arbre à partir de ses ancêtres. Bien vite, elle se rend compte que les noms et les dates posées sur le papier ne lui disent rien.

Ce qui l’intéresse, c’est de connaître la vie de ces personnes, comprendre leur époque et les chemins qu’ils ont parcourus.

Ainsi, la Torontoise, fonctionnaire provinciale à la retraite depuis peu, s’engage dans un travail généalogique qu’elle veut rigoureux. Elle crée pour cela son site internet, L’abécédaire de mes ancêtres.

D’abord chaque semaine, maintenant aux deux semaines, elle publie depuis deux ans des articles sur la vie de ses aïeux.

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Dominique Guillaumant
Dominique Guillaumant

Un travail de recherche d’envergure

Pour mener à bien son projet, Dominique Guillaumant a entrepris un important travail de recherche. Archives administratives, lettres, photographies, sources orales, rien n’a été laissé de côté.

Rolande Smith, amie et lectrice assidue, se dit «très admirative et impressionnée» par ce qu’a entrepris Dominique. «Tout est très sérieux et bien documenté, c’est un travail de moine», ajoute l’ex-présidente de la Société d’Histoire de Toronto.

Vivant au Canada depuis plus de 40 ans, Dominique Guillaumant a voyagé en France pour consulter les archives sur place. Mais elle s’est aussi beaucoup servie d’internet pour avoir accès à des centaines de documents anciens.

«J’ai eu beaucoup plus de facilité à trouver des informations sur mes ancêtres de 7e et 8e générations que sur mes parents ou grands-parents! En France, les archives de plus de 100 ans sont en libre accès, tandis que celles plus récentes sont protégées.»

généalogie
Pour L’abécédaire de mes ancêtres, l’essentiel du travail généalogique de Dominique Guillaumant se fait à partir de documents d’archives.

À ces difficultés s’ajoutent les documents qui n’existent plus, qui ont été brûlés ou détruits au cours des siècles derniers. Ou encore ceux rédigés dans une langue étrangère comme l’allemand, l’italien ou même le latin.

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Dominique Guillaumant a également échangé avec plusieurs membres de sa famille éloignée. «C’est une chance de pouvoir questionner les anciens de la famille, notamment pour avoir accès à des anecdotes ou des photos de nos ancêtres.»

Ces sources orales sont rares et précieuses. Mais, les propos recueillis doivent être vérifiés. «L’information se perd vite. Les gens ne savent pas ce qu’il s’est passé à plus d’une, voire deux générations avant eux.»

Dominique Guillaumant
Dominique Guillaumant travaillant sur son blogue L’Abécédaire de mes ancêtres.

Généalogie : le plaisir de la découverte

«On frappe beaucoup de murs et on emprunte bien des voies sans issue quand on fait de la généalogie. Mais à côté de ces obstacles, on découvre des perles. J’ai appris qu’en réalité, ma grand-mère Aline ne s’est pas toujours appelée Aline. Ces changements de noms étaient assez fréquents à l’époque…»

Apprendre sur sa famille, et comprendre. C’est ce qui motive la chercheuse.

«Je savais que mon père avait fait la guerre, et quelle profession il avait exercée. Mais en me plongeant dans tous ces documents, j’ai pu mieux comprendre sa vie et les contraintes auxquelles il avait fait face.»

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«À la base, je souhaitais me concentrer sur le 19e siècle. Mais ce que j’apprenais me donnait envie de remonter plus loin, de connaître les origines de certains de mes ancêtres pour mieux comprendre leur vécu.»

Ce plaisir semble partagé par les lecteurs. «Ses articles sont insolites», témoigne Rolande Smith. «J’apprécie découvrir des choses auxquelles je n’aurais jamais pensé sans son travail.»

Abécédaire de mes ancêtres
Sous la lettre Q dans Abécédaire de mes ancêtres: un quartier important dans l’histoire de la famille de Dominique Guillaumant.

Un travail d’historienne

Le travail de Dominique Guillaumant est avant tout le portrait d’une époque. C’est un des intérêts majeurs de son projet.

Bien qu’elle se concentre sur sa famille, elle nous permet d’appréhender l’Histoire et ses évènements à partir de l’existence des gens qui y ont directement contribué.

«Je suis passionnée d’histoire et le blogue de Dominique est un réel travail d’historienne», témoigne encore Rolande Smith. «Beaucoup de familles de ces époques avaient le même vécu. Son travail généalogique peut parler à beaucoup de monde.»

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Dominique Guillaumant
Dominique Guillaumant à Toronto.

À l’article U comme Us et coutumes, Dominique Guillaumant écrit: «Malgré les films d’époque, il demeure difficile d’imaginer la vie quotidienne de nos ancêtres durant une période marquée par d’importants changements, tant politiques comme les guerres et les renversements de gouvernement, que sociétaux comme les progrès industriels et l’exode rural.»

C’est pourtant ce qu’elle parvient à faire tout au long de ses articles. Dynamiques régionales, guerres, histoires et situations familiales… On en apprend beaucoup sur ce qu’était la vie quotidienne de nos ancêtres français ou de nombre de leurs contemporains.

«Ce que je trouve passionnant, c’est l’histoire des métiers», indique Rolande Smith. «Il existait tant de professions dont on ne peut imaginer l’existence aujourd’hui!» Par exemple, les porteurs d’eau, les concierges ou les fripiers. «Des petits métiers qui donnaient une certaine fierté et une indépendance et qu’on ne connaît plus.»

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L’article de Dominique Guillaumant consacré aux porteurs d’eau, métier aujourd’hui disparu.
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Un autre métier disparu: cordier.

Le choix de la forme : un abécédaire

À chaque lettre de l’alphabet correspondent un ou plusieurs articles. «L’avantage de L’abécédaire est que je n’ai pas besoin d’avoir fini toutes mes recherches pour publier, car chaque article se tient en soi», explique Dominique Guillaumant.

«Il y a un côté excitant à lire son blogue. On ne sait pas sur quel thème va porter le prochain article», raconte Rolande Smith.

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Abécédaire de mes ancêtres
Pour chaque lettre de l’alphabet correspond un ou plusieurs articles.

La généalogie pleine de surprises

La généalogie est une discipline pleine de surprises, on ne va pas toujours là où on pensait se rendre au début.

«Initialement, je voulais écrire sur mes deux familles. Puis j’ai eu beaucoup plus de mal à avoir accès à des documents sur ma famille maternelle. Je me suis donc concentrée sur celle de mon père.»

À terme, Dominique Guillaumant souhaite rassembler ses articles en un ouvrage qu’elle offrira aux membres de sa famille.

«Je sens que j’arrive à un point où j’ai assez de contenu pour rassembler et lier ensemble mes écrits. Mon travail va prendre une autre forme, ce sera plus chronologique. Ce travail, c’est mon projet de retraite, mon legs en quelque sorte.»

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