Gaza: une guerre toxique

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Publié 09/03/2010 par Florian Lévesque

De tous les cataclysmes naturels ou humains, les guerres sont sans doute les activités les plus toxiques que nous ayons développées. Je fais cette réflexion parce que la semaine dernière, je me suis rendu au Cinéma du parc à Montréal pour voir l’exposition Drame humain à Gaza.

Il s’agit d’une exposition qui présente des photos du massacre perpétré à Gaza par l’armée israélienne de décembre 2008 à janvier 2009.

Les photos que j’ai vues m’ont bouleversé, à un point tel qu’en sortant, les préposés m’ont dit que je pouvais écrire des commentaires au sujet de l’exposition. J’ai refusé parce que l’émotion que je ressentais à ce moment en était une de profonde révolte mêlée d’un sentiment de violence.

Quand on voit la photo de trois enfants morts à la suite de la frappe d’un obus de char israélien, on ne peut rester indifférent.

Quand on lit la vignette de la photo qui décrit que ces enfants faisaient partie de la famille élargie Al-Sammouni et que 29 des leurs sont morts en même temps lorsque leur maison fut attaquée, on ne peut demeurer indifférent à tant de cruautés.

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Quand en plus, on apprend que plusieurs de ces enfants sont restés pendant plusieurs jours, sans nourriture, sans eau et sans soins aux côtés de leur mère morte, je n’ai pu faire autrement que de pleurer et de rager en même temps devant la folie des hommes.

Ce qui rendait la scène encore plus pénible, c’était de voir le visage de ces enfants morts rempli de sérénité, comme si la mort était une délivrance face à la vie intenable à Gaza, un territoire palestinien qui est une véritable prison pour plus d’un million de réfugiés palestiniens, la plupart descendants des familles qui ont été chassées de leurs terres par les guerres et lorsque l’État d’Israël a été créé.

Quand d’autres photos nous montrent les photos d’enfants, les yeux remplis de larmes, on ne peut faire autrement que de se demander si cet autre enfant est en train de pleurer la perte d’un parent, d’un frère ou d’une sœur.

De plus, l’enfant qui regarde directement l’objectif de la caméra semble s’adresser à nous pour nous demander pourquoi nous ne faisons rien pour l’aider. C’est à ce moment que la douleur qu’on ressent devant cette photo devient lancinante.

Plus loin, une grand-mère penchée sur le corps d’un proche a le visage déchiré par la douleur. En voyant cette scène, je ne peux faire autrement que de penser comment nos mères ou nos grands-mères se sentiraient de perdre un enfant ou un petit-enfant en raison des balles de leurs semblables venus semer la terreur au nom d’un État qui refuse notre vie.

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En continuant d’avancer, je vois une photo qui montre des bombes au phosphore blanc lancées sur des gens qui accourent pour se protéger contre cette substance toxique qui quand elle touche la peau pénètre profondément la chair humaine pour la brûler jusqu’à l’os. Sur la photo, on voit de terrifiants arcs-en-ciel de fumée et de lumière qui s’abattent sur et à proximité des gens.

Un peu plus loin, une autre photo. Cette fois-ci, on aperçoit une vache morte gisant sur le sol. La vignette de la photo nous apprend qu’environ 80% des terres agricoles et des cultures ont été endommagées par cette guerre. Le texte indique que «les terres arables ont été contaminées par des déversements d’eaux usées et des munitions toxiques».

Quand en plus le rapport Goldstone révèle que des meuneries (moulins à farine) et des poulaillers ont été détruits, on ne peut faire autrement que conclure que les guerres, en plus d’utiliser des matières toxiques, sont menées par les militaires afin de détruire les conditions d’existence des populations civiles.

Le Vietnam qui a subi pendant des années les arrosages à l’agent orange est un autre exemple de la manière dont on s’y prend pour empoisonner l’environnement afin de nuire, sinon tuer, les gens.

Si c’était vous qui deviez abandonner votre champ devenu empoisonné? Si c’était vous qui subissiez la terreur venue du ciel? Si c’était vous qui perdiez un enfant?

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Et si c’était vous qui étiez dans cette situation, que feriez-vous pour vous défendre ou pour défendre les vôtres?

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