Après huit publications – nouvelles et romans –, Michel Dufour éprouve encore une certaine pudeur à avouer qu’il écrit. Lorsque l’auteur précise qu’il publie des nouvelles, «on peine à comprendre». Il lui faut préciser «des nouvelles littéraires, des fictions courtes avec parfois un fond de vérité».
Dès que Dufour précise que ses textes ont en moyenne six pages, on se demande s’il manque d’imagination. «Non, j’en ai trop.» Il aime parler de la vie, il aime «quand le champ est vaste». Son sixième recueil, Lignes de vie, comprend dix-neuf nouvelles qui mettent en lumière les failles de notre époque.
Personnages insolites
Dans la première nouvelle, nous sommes dans une résidence pour personnes âgées, où les vieux sont parfois comme des enfants. «En tout cas, ça prend beaucoup de patience et de psychologie.» Plus loin, nous suivons le cheminement d’un cancre intimidateur qui devient missionnaire en Colombie, puis ermite. Rien de moins!
Plusieurs nouvelles sont écrites au «je», celui d’un homme qui est prêt à «désarçonner le lecteur», à abandonner toute explication rationnelle. Dufour reconnaît que «construire une trame narrative à partir d’un personnage qui refuse de se laisser approcher est périlleux, voire casse-cou».
L’ambition et le temps
Dans un texte, l’Ambition est le personnage principal. Son rôle est de donner des idées et de pousser au pied du mur. Ailleurs, «le temps n’a plus d’importance passé la frontière des souvenirs»; un grand-père veut transmettre ses souvenirs à sa petite-fille avant qu’ils ne fassent naufrage.
Comme j’ai moi-même publié des romans et des nouvelles, j’ai été sensible à l’histoire d’un imposteur, d’un faussaire, d’un plagiaire. J’ai déjà été tenté, comme ce personnage, de transposer les éléments d’une intrigue connue en modifiant des lieux, des noms de personnages et des répliques pour leur donner une couleur locale.